Le 11 mai 2025
Jules Barbey d’Aurevilly a écrit ce recueil de six nouvelles édité en 1874. Ces histoires sulfureuses mettent en scène des crimes passionnels et ce thème a engendré des réactions réprobatrices dans la France de l’époque. Le livre reste intéressant à lire, par la richesse de ses références, son vocabulaire et les mises en abyme qui émaillent les récits.


- Auteur : Jules Barbey d’Aurevilly
- Collection : Œuvres Libres
- Editeur : Fayard
- Genre : Nouvelles
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 8 janvier 2025
- Plus d'informations : site de l’éditeur

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Résumé : « Les Diaboliques » commence dans une diligence réunissant le narrateur et le vicomte de Brassard, un ancien officier des guerres napoléoniennes. Le voyage se déroule bien, mais lors d’une halte, la vision d’une petite fenêtre allumée au rideau cramoisi fait frissonner le vicomte. Qu’est-ce qui peut effrayer un soldat qui a survécu à tant de batailles et d’horreurs ?
Critique : Ces six nouvelles ayant en commun la passion et la mort nous plongent dans un dix-neuvième siècle à l’histoire complexe. Nous croisons des personnages qui ont traversé, au cours de leur vie, les empires, les guerres, les révolutions, les monarchies. Les violences de l’histoire, marques d’un siècle chaotique, s’incarnent dans des caractères parfois intrépides, parfois inquiets, souvent blasés. Et pourtant, ces narrateurs ont assisté à des drames qui les marqueront à tout jamais. A chaque fois, la femme tient un rôle primordial, comme source de la passion, de la vengeance, ou des deux. Ceux qui racontent, le plus souvent des hommes, sauf dans la dernière nouvelle "Vengeance d’une femme", sont revenus de tout, sauf de cet événement gravé dans leur mémoire.
Or, l’individu qui raconte permet à Jules Barbey d’Aurevilly de privilégier les mises en abyme. Le narrateur n’est en effet jamais le témoin direct. La nouvelle privilégie le point de vue d’une personne qui a assisté à une rencontre où un autre intervenant dévoile une tragédie du passé, dont lui-même a été le témoin et non l’acteur. Ainsi, les récits s’enchâssent et les souvenirs parlent de la passion, souvent charnelle et violente. Car l’amour fou mène à la jalousie, à la folie, régulièrement au crime.
Les femmes ne nous sont accessibles que par leurs actes. Nous n’entrons jamais dans leur psychologie. Leurs comportements induisent leurs motivations. Seule la dernière nouvelle met en scène une protagoniste qui livre ses émotions.
Jules Barbey d’Aurevilly joue beaucoup sur les références catholiques, picturales et historiques. Le roman nécessite une certaine culture, non pour être compris, mais pour en saisir les allusions et les jeux de renvoi. Les longues phrases ont également recours à un large vocabulaire et les descriptions détaillées aident l’esprit à se représenter les différents lieux.
Les nouvelles sont de longueur inégale, et s’accommodent parfois de grandes introductions où le narrateur rencontre le témoin. C’est à ce moment-là que le crime peut être raconté. Le lecteur doit accepter ces différentes étapes et ne pas vouloir tout, tout de suite. Jules Barbey d’Aurevilly prend son temps pour agencer les pièces de son puzzle et un malin plaisir, souvent, à jouer la carte de la digression, afin de nous emmener ailleurs, mais jamais très loin du cœur de son récit.
Les Diaboliques regroupe six nouvelles fondées sur la passion et la mort, six témoignages d’événements violents, qui peuvent encore surprendre aujourd’hui.
312 pages – 15€