Le 20 juillet 2018
- Genre : Cinéma
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Bien plus que l’étude d’un simple motif, cet essai limpide dessine à travers des films choisis une véritable vision du monde.
Notre avis : Quand on évoque les courses-poursuites, on songe inévitablement à Bullitt ou French connection, c’est à dire à des séquences haletantes chargées d’adrénaline. Nicolas Tellop, lui, pense métaphore, philosophie, économie, métaphysique, politique, mythe et cinéma. Son livre déborde de toute part, passant de la Bible (introduction) à un fait divers, de Jackie Chan à Feuillade, au gré non pas d’un parcours chronologique, mais d’une course (eh oui …) à travers des scènes qui, mises bout à bout, font sens.
Mais nous n’avons évoqué là que le début… La suite s’élabore en chapitres souvent constitués d’une analyse générale illustrée par des films soigneusement choisis. Mais choisis en vue d’une relecture, la plupart du temps revigorante, que ce soit de la figure du bluesman (« ultime incarnation d’une Amérique simultanément en fuite d’elle-même et à la poursuite de ce qu’elle a à offrir », p. 79) dans O’ Brother et The Blues Brothers, de l’angoisse de la multitude ou du vide, et bien d’autres points qui dessinent une société (essentiellement américaine) travaillée par la culpabilité, la peur, l’effondrement. Image négative, sans conteste, dont l’auteur cherche la trace dans des œuvres variées qu’il rapproche avec talent : Keaton y voisine avec Tex Avery aussi bien qu’avec Brian De Palma. Leur point commun ? Décrire un monde malade, en déliquescence, que la figure de la course-poursuite porte à incandescence ; n’est-elle pas après tout « la forme cinématographique la plus pure » selon Friedkin (p.166) ?
Si le livre semble parfois s’égarer dans de multiples pistes, la cohérence de l’ensemble ne fait pas de doute : le topos de la course-poursuite est un moteur essentiel du septième art et, partant, d’une vision métaphysique. Chaque film, même quand il paraît anodin (Baby driver, Enfer mécanique, la série des Coyote et Bip-Bip) est le maillon d’une chaîne de significations. Encore faut-il savoir regarder. Et nul doute qu’avec cet essai hautement stimulant, Nicolas Tellop nous y aide, renouvelant en profondeur notre connaissance de certaines œuvres qu’on croyait épuisées. D’autant que l’écriture est limpide, bourrée de métaphores éclairantes, de formules qui donnent à penser et dont on citera un seul exemple : « la chevauchée du western, c’est la catharsis de l’Amérique » (p. 55).
Broché : 188 pages
Éditeur : Aedon - La septième obsession (24 avril 2018)
Dimensions : 21 x 1,4 x 14,5 cm
Galerie Photos
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