Le 24 septembre 2024
Attachant et incisif, ce portrait d’ados à la dérive confirme l’originalité de style son réalisateur et présente un regard original sur les laissés-pour-compte de la société islandaise.
- Réalisateur : Guðmundur Arnar Guðmundsson
- Acteurs : Anita Briem, Ólafur Darri Ólafsson, Birgir Dagur Bjarkason, Áskell Einar Pálmason, Viktor Benóný Benediktsson, Snorri Rafn Frímannsson
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Suédois, Danois, Néerlandais, Islandais, Tchèque
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 2h03mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 25 septembre 2024
- Festival : Festival de Berlin 2022
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– Année de production : 2022
Résumé : Addi, quatorze ans, est élevé par sa mère clairvoyante qui perçoit l’avenir dans les rêves. Il prend sous son aile Balli, un garçon introverti et en marge, victime de harcèlement scolaire. En l’intégrant à sa bande, ces garçons désœuvrés et livrés à eux-mêmes explorent la brutalité et la violence, comme seuls moyens d’expression et d’exister. Alors que les problèmes du groupe s’aggravent, Addi commence à vivre une série de visions oniriques. Ses nouvelles intuitions lui permettront-elles de les guider et de trouver leur propre chemin ?
Critique : Diplômé de l’Académie des Arts d’Islande, Guðmundur Arnar Guðmundsson s’était installé au Danemark pour étudier l’écriture du scénario. Il s’est fait connaître avec des courts métrages et un premier long, Heartstone : un été islandais (2006), récit de l’été mouvementé de deux adolescents dans un village de pêcheurs isolé d’Islande. Les belles créatures (titre d’une ironie indéniable) est de la même veine mais dans un registre plus sombre, le cinéaste se frottant au thème de la violence juvénile, et de la délinquance des jeunes en général. De Los olvidados de Buñuel à Bully de Larry Clark, en passant par Orange mécanique de Kubrick, le cinéma a proposé de remarquables portraits de jeunes gens à la dérive. Sans trop jouer sur les clichés du déterminisme, Guðmundur Arnar Guðmundsson apporte une pierre honorable à l’édifice, avec une sincérité louable, que conforte la teneur plus ou moins autobiographique de son récit.
- © Salzgeber & Co. Medien. Tous droits réservés.
Il précise ainsi dans le dossier de presse : « Alors que je cherchais une idée de scénario pour mon deuxième long métrage, certains rêves me hantaient et ne cessaient pas, jusqu’à ce que je commence à écrire cette histoire. Mes amis d’enfance et moi venons de familles ouvrières modestes. Mais notre monde était particulier. Les comportements violents faisaient partie de notre quotidien. De plus, dans ma famille, il y avait une forte croyance envers les phénomènes surnaturels et l’interprétation des rêves ». D’une part, le caractère semi-documentaire, d’une tonalité proche de Loach ou des Dardenne, ne sombre jamais dans le naturalisme cru, malgré certaines séquences sans concessions (tabassage, viol et autres déviances). Le réalisateur parvient ainsi à rendre attachants des personnages que l’on pourrait juger repoussants ou pathétiques dans la vie réelle, à l’instar des deux principaux protagonistes : le petit caïd à la tête d’ange Addi, et le souffre-douleur Balli, le second progressivement intégré et protégé par le premier, qu’interprètent avec finesse les jeunes Birgir Dagur Bjakarson et Áskell Einar Pálmason, sans le cabotinage ou les maladresses de jeu inhérents à maints acteurs débutants.
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D’autre part, un onirisme discret et suggestif suscite une distance bienvenue, sans donner toutefois casser la linéarité d’un récit qui ne se prête pas à une double lecture. Cette double dimension confère à ces Belles créatures un pouvoir attractif certain, amplifié par l’utilisation à la fois austère et esthétique des beaux paysages islandais, qui sont ici le décor d’une chronique sociale glissant vers la tragédie. Si la poésie de la détresse sociale n’atteint pas la dimension de Bird d’Andrea Arnold, et si le cinéma de Guðmundur Arnar Guðmundsson n’a pas la puissance de celui de son compatriote Hlynur Pálmason (Godland), Les belles créatures est recommandable et a bien mérité ses diverses récompenses, dont le Label Europa Cinemas à la Berlinale et le prix du scénario au Festival de Stockholm, en 2022.
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