Une enfance japonaise
Le 8 octobre 2019
La descente aux enfers de deux orphelins. Un roman brutal, écrit par un virtuose de la langue.
- Auteur : Ryû Murakami
- Editeur : Editions Philippe Picquier
- Genre : Roman
- Nationalité : Japonais
- Traducteur : Corinne Atlan
- Date de sortie : 23 avril 1999
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La descente aux enfers de deux orphelins dans le Japon décadent des années 1980.
Résumé : Au Japon, les nouveau-nés abandonnés dans les consignes des gares sont voués à une mort certaine. Deux d’entre eux pourtant, Hashi et Kiku, vont vivre. La vie de ces deux enfants est une plaie béante qui ne se cicatrise pas, un cri qui ne se tait pas. Le cauchemar les hante, leur univers s’est réduit aux parois d’une consigne, un monde sans espoir où l’on cherche une échappatoire tout en sachant qu’elle n’existe pas. Autour d’eux, un brouillard épais et pesant s’est formé, un ciel plombé, où seule la survie reste possible. Et cependant, des éclaircies parfois apparaissent, un chant qui surgit de la gorge de Hashi comme une accalmie au milieu d’une tempête, un saut de Kiku comme une envolée vers un ciel plus bleu, des moments d’émotion suspendus. Mais la douleur est plus forte, aucune libération n’est possible et, ne pouvant supprimer la souffrance, c’est en l’infligeant aux autres qu’ils tenteront de l’oublier. Ryû Murakami dépeint un univers de destruction, de désolation avec une telle poésie que cette atrocité même devient belle, belle comme peut l’être la mort, belle comme peut l’être la guerre, belle comme le sont parfois les hommes.
Notre avis : Publié au Japon en 1980 et pour la première fois en France en 1996, Les bébés de la consigne automatique est sans doute l’oeuvre la plus aboutie de Murakami Ryû, que l’on a surnommé un temps le Bret Easton Ellis japonais. En tous cas l’un des chefs de file les plus talentueux de la littérature japonaise contemporaine.
Hashi et Kiku ont tous deux été abandonnés par leur mère respective dans un casier de consigne de gare et, dans la série d’abandons de ce type qui a frappé Tokyo pendant l’été 1972, ils ont été les deux seuls à survivre. Ils sont par la suite élevés dans le même orphelinat où se tissent entre eux les liens de la fraternité du hasard. Puis ils sont adoptés ensemble par un couple de Japonais vivant sur une île au sud de l’archipel nippon. Jusque là, tout va bien. Et comme dans le film, le plus dur, c’est la chute.
Mais une chute version Murakami, qui dure toute une vie d’adolescent et de jeune homme, une chute longue et désastreuse qui fait passer Les bébés de la consigne automatique du roman d’enfance qui tourne mal au roman noir, très noir, où chaque page, pleine de sang et de souffrance, s’enchaîne dans la pire logique qui puisse être. Pitoyables victimes de femmes paumées, Hashi et Kiku cherchent à survivre dans un Japon au bord du gouffre et ils ne trouvent pas d’autre moyen que de devenir des bourreaux déjà morts aux yeux d’une société en sursis. Rapidement, on comprend qu’on n’a plus rien à espérer de ces deux-là, que Murakami ne les délivrera de leur sort que quand ils auront accompli leur oeuvre, si destructrice soit-elle. Un roman déroutant où le manga le dispute à la poésie, à la fois doux et brutal, enivrant et infernal, écrit de la main d’un virtuose de la langue.
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