Notre avis : Les héros de ce livre sont des pauvres gens, ceux dont la vie n’intéresse personne. Sans jamais tomber dans l’apitoiement et la complaisance, Ludovic Roubaudi réussit à faire vivre une poignée de personnages insolites. Une profusion d’événements, d’anecdotes, associée à l’infortune persistante de ces personnages, crée une atmosphère chaleureuse assez singulière. Un univers de misère d’où Ludovic Roubaudi tire malgré tout un comique constant.
Mais si l’on rit souvent, c’est sous l’effet d’une ironie grinçante. On sent le poids de la vie sur ces hommes. Au fil de la lecture, on s’accroche à cette bande, à ces baltringues émouvants qui n’ont pas d’autre ambition que celle de rester ensemble. Gaffeurs, habitués à l’échec, petites crapules de sagesse, ces forces de la nature sont avant tout des êtres fragiles. Un rien peut les anéantir. Et le rien, pour un baltringue, c’est déjà beaucoup. A chaque page, on redoute son arrivée, on angoisse. Les pages se tournent dans une constante tension ; la lecture en est d’autant plus jubilatoire. L’écriture de Roubaudi témoigne d’une réelle maîtrise. Son roman baigne dans un flou temporel qui accentue cette plongée au cœur d’un monde romanesque. Sa langue est celle de l’émotion. Les expressions idiomatiques se mêlent à une écriture classique.
En refermant le livre, on a l’étrange sensation d’avoir été le témoin d’une aventure humaine hors du commun. La destinée de ces baltringues continue de nous habiter longtemps encore après la lecture. C’est sans doute ça, la magie d’un bon livre.