Le 24 octobre 2021
Dans cette comédie sans temps mort, qui est aussi un hymne à la tolérance, Louis de Funès est au zénith de son efficacité comique.


- Réalisateur : Gérard Oury
- Acteurs : Marcel Dalio, Claude Piéplu, Louis de Funès, Henri Guybet, Suzy Delair, Marcel Gassouk, Jacques François, Philippe Lemaire, Francis Lemaire, Paul Mercey, Xavier Gélin, Clément Michu, Denise Provence, Paul Bisciglia, Jean-Jacques Moreau, Denise Péronne, Olivier Lejeune
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Les Films Imperia
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 22 octobre 2023 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 18 octobre 1973

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Résumé : À la suite d’un quiproquo, un homme d’affaires irascible et raciste, se retrouve confronté malgré lui à un règlement de compte entre terroristes d’un pays arabe. Afin se semer ses poursuivants, il se déguise en rabbin, après avoir croisé à Orly des religieux juifs en provenance de New YorK.
Critique : Pour son dernier bon film, Louis de Funès incarne un personnage résolument abject, en l’occurrence un industriel méprisant, synthèse de tous ces bourgeois autosatisfaits que l’acteur a maintes fois joués dans sa carrière. Victor Pivert cumule toutes les velléités discriminantes : raciste, xénophobe et de surcroît antisémite, il traite avec mépris son chauffeur, interprété par Henri Guybet, dans ce qui est certainement son meilleur rôle.
Le judaïsme est le motif de cette comédie et il s’agissait plutôt d’un sujet délicat, étant donné le contexte géopolitique de l’époque : la guerre israélo-arabe de 1973 avait engendré suffisamment de tensions pour que la sortie du film n’échappe pas aux polémiques. Mais il va de soi que la configuration de ce long métrage s’avère sans ambiguïté, plaidant pour une tolérance entre les religions. Cette volonté de pacification motive l’usage d’une perturbation dont les potentialités comiques sont exploitées de manière très efficace. L’insupportable Pivert, victime d’une méprise, est obligé de devenir ce qu’il déteste le plus. Cette nouvelle identité à laquelle le personnage doit s’habituer, le confronte évidemment aux coutumes de la religion juive, qu’il acquiert d’abord maladroitement, puis fait sienne avec une facilité déconcertante : tout le monde a évidemment en tête la célébrissime scène de la danse hassidique qui engendra des heures de répétition, avant le tournage. La séquence irradie par sa joyeuse énergie, témoigne aussi d’un œcuménisme que le dénouement porte sur les fonds baptismaux, par une scène de mariage. On y entrevoit la toute jeune Miou-Miou, alors quasiment inconnue, qui s’apprêtait à tourner Les Valseuses.
Le film doit évidemment beaucoup à l’énergie de son acteur principal, qui étire jusqu’à la caricature réjouissante son personnage atrabilaire. Les habituelles grimaces de l’acteur ne constituent pas des ornements superflus, étant donné que les gags sont associés à une vraie trame narrative, basique certes, mais toujours gagnante : un personnage poursuivi doit échapper par tous les moyens à ceux qui veulent sa peau.
Cette comédie fut un triomphe public, en même temps que la dernière association entre le réalisateur et son comédien fétiche. Les deux hommes devaient se retrouver pour un nouveau projet plutôt alléchant : Le Crocodile, l’histoire d’un dictateur grotesque qui organise de faux attentats contre lui, pour reconquérir une popularité perdue. Mais la crise cardiaque de Louis de Funès anéantit le projet et plus jamais on ne le vit dans un film de Gérard Oury.