La vengeance du serpent à plumes - Gérard Oury - critique

Critique : Le début d’une longue décadence pour Gérard Oury. Après le grand succès de L’As des as, le réalisateur associe une autre star à une nouvelle comédie avec, une fois encore, l’actualité en toile de fond : en l’occurrence, c’est l’organisation terroriste anarcho-communiste Action Directe que suggère le groupe Ravachol-Kropotkine. Mais la comparaison s’arrête là, parce que si l’on excepte une diatribe anti-bourgeoise prononcée par Detmers, aussi crédible que le serait Franck Dubosc dans le rôle d’Elisée Reclus, c’est plutôt la grosse farce qui s’impose, avec Coluche en beauf crédule, pris dans un engrenage politique qu’il ignore. Loulou Dupin s’exprime, jure comme le comique. Il permet à l’humoriste de traverser le film comme il aurait figuré dans cent autres, en recyclant ses mimiques à base de grimaces, cris de cochon et réparties gouailleuses, habillées d’une salopette.
Le comédien est posé là, au milieu de nulle part -si ce n’est quelques gags lourdingues- et on compte sur lui pour vitaminer un scénario qui tourne à vide au bout d’une demi-heure, à tel point que le dépaysement sur le continent américain apparaît comme un leurre. En effet, le film bifurque vers une pseudo-aventure bien ennuyeuse, avec des scènes de course-poursuite totalement calquées sur celles de La grande vadrouille. Les amateurs de prophéties noteront que Coluche conduit une moto, déguisé en squelette. Les autres remarqueront que le beauf se transforme en héros et prévient un attentat contre les grands de ce monde, si bien que la belle révoltée en oubliera sa radicalité politique pour convoler avec lui. La sympathie que suscitent les seconds rôles - Chopel, Rego, Khorsand - ne suffit pas à racheter ce naufrage artistique qui, hélas, en annonçait d’autres dans la production du cinéaste.