Le 5 septembre 2022
Gérard Oury entamait sa lente chute artistique, avec cet ersatz de La grande vadrouille où Belmondo fait le show. La routine, quoi.


- Réalisateur : Gérard Oury
- Acteurs : Marie-France Pisier, Jean-Paul Belmondo, Stéphane Ferrara, Yves Pignot, Jean-Roger Milo, Florent Pagny, Rachid Ferrache, Frank Hoffmann
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 15 juillet 2024 21:13
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 27 octobre 1982

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Résumé : Jo Cavalier, entraîneur national, doit accompagner l’équipe de boxe aux J.O. de Berlin. Durant le voyage il prend en charge un enfant de dix ans poursuivi par la Gestapo.
Critique : Avec plus de cinq millions d’entrées, L’as des as fut l’un des grands succès du box-office de l’année 1982 et un nouveau triomphe commercial pour Jean-Paul Belmondo, alors en plein période Bébel. Le comédien, aussi plébiscité par le public que fâché avec la critique, vivait alors son zénith commercial, à défaut d’être un zénith artistique. L’affaire était entendue depuis l’échec de Stavisky, le film d’Alain Resnais : l’acteur surdoué avait décidé de se vautrer dans la bagatelle cinématographique, enchaînant des longs métrages de plus en plus insipides.
A la sortie de L’As des as, prenant ombrage de l’échec du dernier Jacques Demy, diffusé en même temps sur les écrans, quelques chroniqueurs cinématographiques se déchaînèrent contre l’acteur qui avait co-produit le divertissement de Gérard Oury et n’avait pas permis aux journalistes de le découvrir avant sa commercialisation. Bref, la hache de guerre entre cinéma d’auteur et cinéma populaire fut une nouvelle fois déterrée, l’ex-acteur fétiche de la Nouvelle Vague s’emparant de sa plume vengeresse pour en rajouter une couche, laissant de côté ses concessions récentes à la gaudriole filmique la plus achevée.
Dans le lot de ces médiocrités que Belmondo tourna au kilomètre pendant plusieurs années, on inclura donc cette production hexagonale, où le comédien retrouvait Gérard Oury, quatorze ans après Le Cerveau.
Pas beaucoup d’enthousiasme à l’évocation de ce divertissement multi-rediffusé, qui n’existe que par sa star et pour sa star, quand La grande vadrouille, dont ce long métrage n’est qu’un succédané, existait par la grâce d’un duo inspiré et des gags idoines. Ici, tout paraît lourd, du premier seau jeté malencontreusement sur le personnage qu’interprète Marie-France Pisier, une journaliste pugnace, jusqu’à la poursuite finale où Adolf Hitler termine dans la fange. Cela divertira sans doute les plus indulgents qui verront les habituelles cascades d’un artiste devenu sa propre caricature, subiront l’exaspérante symphonie lyrique de Vladimir Cosma, ou s’attendriront peut-être à la vue du petit Simon, Oury jouant très maladroitement sur la fibre pathétique. Cette comédie, aux gags peu inspirés, annonçait la lente agonie artistique du réalisateur. Les années 80 et 90 confirmeraient la tendance.