OSS meets Errol Flynn
Le 30 juillet 2015
Pour sa nouvelle réalisation l’équipe d’OSS 117 a fait appel à Sylvain Fusée, qui réalise ici son premier long-métrage. Soit, une comédie familiale qui est au film de cape et d’épée ce qu’OSS 117 est au film d’espionnage.
- Réalisateur : Sylvain Fusée
- Acteurs : Jérémie Renier, Élodie Navarre, Manu Payet, Éric Savin, Alexandre Astier
- Genre : Comédie, De cape et d’épée
- Nationalité : Français
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 6 avril 2011
- Plus d'informations : Site officiel du film
Pour sa nouvelle réalisation l’équipe d’OSS 117 a fait appel à Sylvain Fusée, qui réalise ici son premier long-métrage. Soit, une comédie familiale qui est au film de cape et d’épée ce qu’OSS 117 est au film d’espionnage.
L’argument : Royaume de France, 1550, en Bretagne.
Philibert, robuste gaillard d’une vingtaine d’années, fils aîné d’un cultivateur d’artichauts, se démarque des autres garçons du village. Idéaliste, candide, il se prédit un avenir glorieux dans l’artichaut et préserve sa virginité pour celle qu’il ne connaît pas encore mais que Dieu lui destine. Avant de trépasser, son père lui apprend qu’il n’est pas son vrai père. Celui-ci était un gentilhomme, Fulgence Bérendourt de Saint-Avoise, lâchement assassiné par un Bourguignon avec une tache de vin en forme de rose dans le cou. Sa besace remplie d’idéaux et d’artichauts, Philibert quitte son village et galope vers la Bourgogne, accompagné de Martin son valet un peu fourbe. Le courage de Philibert, sa charité, sa pureté physique et morale seront ainsi mis à rude épreuve face à la bassesse et à la vénalité des vilains et la tentation des femmes plus libidineuses les unes que les autres...
Notre avis : Premier film de Sylvain Fusée (Groland), Les Aventures de Philibert, capitaine puceau porte avant tout la marque de son scénariste Jean-François Halin, un scénario qu’il a coécrit avec Karine Angeli (Brice de Nice). Philibert ou plutôt Eudes, Comte Berendourt de Saint-Avoise, rappelle ainsi beaucoup Hubert Bonisseur de la Bath. Du reste, comme dans la série OSS 117, il y a un évident plaisir à réciter des noms à rallonge aux sonorités saugrenues (avec en point d’orgue, l’énonciation des consentements). Comme l’agent secret, Philibert cache une grande naïveté, qui le rend immédiatement attachant. Moins gaffeur (encore que), le jeune homme n’a également rien du dragueur. Au contraire puisque, comme le titre l’indique, il a juré de garder sa virginité pour celle qu’il aime (ce qui amènera l’une des scènes les plus drôles, celle de la torture). En revanche, l’ambiguïté homosexuelle reste fortement présente (sans aucune vulgarité), de même que l’absence du père ou encore l’esprit de camaraderie (de plus en plus présent au fil des scénarios). Il y a une telle cohérence entre les deux personnages qu’on met un petit moment à accepter de voir Jérémie Renier incarner Philibert tant le rôle semblait dévolu à Jean Dujardin (exagération des mouvements, sourcil en circonflexe, rire à gorge déployée les mains sur la hanche...). Mais l’acteur montre une telle aisance dans le jeu, et plus particulièrement dans la comédie, qu’on l’oublie très vite.
La première partie de Philibert évoque beaucoup l’adaptation d’un album d’Astérix (période Goscinny). Le cochon a remplacé le sanglier mais on y retrouve l’idée du héros quittant son petit village pour l’aventure, ce côté bagarreur aussi. Si Astérix reste le même fier gaulois d’un album à l’autre, Philibert, lui, évolue. Ce changement se symbolise d’une certaine manière par la couleur de ses collants mais, surtout, par son détachement vis-à-vis de la religion, où sa foi aveugle finit par céder la place à une liberté individuelle, et même à une forme d’athéisme (la réplique cinglante contre le prêtre). Sa vengeance prend ainsi des airs de parcours initiatique, d’ailleurs valable pour la majorité des personnages, qui vont tous connaître une forme d’émancipation. Les personnages secondaires témoignent d’ailleurs pour la plupart d’un grand soin d’écriture. On saluera en particulier Alexandre Astier, qui crève littéralement l’écran à chaque apparition en méchant de service, mais aussi Manu Payet qui, bien que plus discret, marque indéniablement chaque scène où il apparaît de sa présence (il a quelque chose dans le regard d’assez génial).
Au fil de l’aventure, le récit épouse totalement le genre auquel il rend hommage, le cape et d’épée. Sans jamais tomber dans la parodie, le film joue beaucoup avec les codes et les passages obligés du genre, les grossit, les détourne aussi. Philibert emprunte alors autant des films de cape et d’épée français (Le Bossu, La Tulipe Noire) que ceux de l’âge d’or hollywoodien (ceux avec Errol Flynn). Entre les décors de studio, la maquette de la galère, les plans accélérés ou les faux-raccords, tous les ingrédients de l’époque sont là pour nous faire revivre l’ambiance de ce cinéma. Moins impertinent que la série OSS 117 mais d’un humour toujours aussi fin, Philibert se présente davantage comme une comédie d’aventures grand public. Le rire se fait certes moins présent, mais le sourire quitte rarement les lèvres du spectateur pendant toute la durée de ce charmant et intelligent divertissement.
La bande-annonce : ICI
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Frédéric de Vençay 29 avril 2011
Les Aventures de Philibert, capitaine puceau - la critique
"Philibert" n’a pas la perfection d’"OSS 117", à tout point de vue (interprétation, finesse, timing des gags, mise en scène). Le ton n’est pas tout à fait le même non plus : le premier était un vrai film d’espionnage comique, tandis que le second est plus contaminé par la parodie - ce n’est plus le personnage principal qui est débile, mais le film entier). La comparaison ne joue pas en la faveur de "Philibert", moins drôle, moins incisif, parfois poussif. Son originalité, sa candeur, sa volonté de rupture avec les codes de la comédie actuelle achèvent de rendre le projet sympathique cependant. En partie sauvé par ses acteurs (Manu Payet en tête) et par quelques dialogues bien sentis, "Philibert" emporte tout de même l’adhésion, malgré ses multiples faiblesses.
Frédéric Mignard 21 août 2011
Les Aventures de Philibert, capitaine puceau - la critique
Un pastiche frais (quoiqu’un peu Z) qui ne manque pas d’allant ! A découvrir.