Cousin, cousine
Le 12 novembre 2003
Plongée dans les entrailles d’une jeunesse dorée, où les gosses de riches ne manquent (presque) de rien.
- Auteur : Thibault de Montaigu
- Editeur : Fayard
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La vie coule à Auteuil, paisiblement. Les appartements sont luxueux et confortables, les moquettes épaisses, les problèmes d’argent ne concernent que les autres. Les écoles sont tranquilles, les rues sont calmes. C’est là qu’habitent Justin et sa bande de potes. Alors, il est où le problème quand on ne manque de rien ? Quand on est un crack du tennis, que l’on skie à Megève, que les portes des prépas sont grandes ouvertes ? Quand on se déchire la tête dans des soirées privées au bord des piscines ? Le problème, il est vieux comme le monde et s’appelle l’Amour. Justin en pince pour Ambre, sa cousine. Depuis des années, en secret, son cœur bat pour elle. Son cœur, sa tête, son âme, tout en lui respire pour et par Ambre.
Malaises. Dérapages. Folie. Absence totale de compréhension avec ces parents qui ne jurent que par les papiers du Figaro, "un très bon journal" pour tenter de comprendre "les ravages de la marijuana chez les jeunes", leurs enfants justement. Ces enfants qui poussent leurs limites jusqu’au bout, qui s’imaginent pouvoir mettre le monde à leurs pieds en claquant des doigts. Justin divague, se cherche, contemple ce spectacle presque passivement. La douleur de l’amour le broie, le déglingue littéralement. Le tue quand il réalise qu’Ambre, finalement, n’a pas grand chose à foutre de lui...
Et Thibault de Montaigu d’enfoncer le clou toujours un peu plus, de dénoncer les apparats de cette bourgeoisie tranquille qui s’observe le nombril un rictus aux lèvres. Des parents qui sont à mille lieues d’imaginer que leur progéniture puisse avoir des problèmes d’adolescents ordinaires et qui s’imaginent que le fric est la solution à tout. Qui sont incapables de songer que leurs chers petits soient malheureux ou qu’ils ressemblent au commun des mortels. Car oui, le monde a changé et leurs enfants aussi. Ils ont grandi, cherchent leur place, veulent s’affirmer. Et pour ça, tous les moyens sont bons.
Thibault de Montaigu signe un texte féroce, plein d’une lucidité malsaine. Un premier roman sauvage, dur, écrit avec les tripes, dans un style fulgurant. Provoc ? Sans doute. Entre rêve et réalité, lucidité et angoisse, transe et ivresse. Ces anges-là n’ont pas tous des ailes. Et ne sont pas immortels.
Thibault de Montaigu, Les anges brûlent, Fayard, 2003, 277 pages, 17 €
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