Un bébé à livrer - La chronique BD

Le succès de Benjamin Renner tient en deux mots : humour et simplicité. L’humour qui a fait la force du Grand Méchant Renard est bien de retour, ou plutôt en prologue (Un bébé à livrer a été publiée en 2015 chez Vraoum, il s’agit donc ici d’une nouvelle édition), avec ce conte moderne qui nous raconte les pérégrinations absurdes et les rebondissements cocasses d’un trio d’animaux pas vraiment tirés d’une fable classique. Un peu feignasses, pas très futés, faciles débiteurs d’insultes et plein de ressources quand il s’agit d’empirer la situation, ce trio réussit le tour d’être attachant, et finalement assez proche de l’état d’esprit du lecteur. Bon cœur et mauvaise volonté rythment donc ces presque trois cents pages qui se lisent à la vitesse de l’éclair, et malgré quelques redondances comiques, l’exagération et l’ironie trouvent toujours leur place, preuve que le ressort est bel et bien efficace. Comme les protagonistes, on en vient à oublier qu’il y a un bébé dans l’histoire, tant ils se font rouler dessus façon Looney Toons, morflant et se remettant aussi vite. Entre les gags, quelques répliques cultes, notamment du cochon, viennent se greffer dans une ambiance bon enfant.

© Delcourt

La simplicité donc, est le deuxième élément fort pour l’auteur, qui sait saisir en peu de traits la situation comique. Ainsi le lapin a bien des longues oreilles, le cochon un teint rose, le canard un bec bien pendu, mais tous se déclinent avec des yeux rondouillards, tantôt énervés tantôt hagards, et les corps tiennent en deux coups de pinceaux. De même, le lieu, qu’il soit de la forêt étoilée ou d’un avion détourné, sert de décor presque théâtral, paraissant peut-être bâclé, mais encore une fois dans un souci de simplicité qui prête toujours à sourire pour le lecteur.

© Delcourt

Attention, le talent de Renner ne se résume pas à ces deux mots. Il suffit de voir l’adaptation en long métrage d’animation du Grand Méchant Renard et Autres Contes pour comprendre que l’enchaînement, la vitalité et la satire font aussi partie de son œuvre.