Les infiltrés
Le 17 février 2022
Classique dans sa forme, ce second long métrage d’Elie Wajeman pourra paraître un peu lisse eu égard à son sujet mais le cinéaste tire le meilleur d’une équipe de jeunes acteurs époustouflants.
- Réalisateur : Elie Wajeman
- Acteurs : Adèle Exarchopoulos, Tahar Rahim, Guillaume Gouix, Audrey Bonnet, Swann Arlaud, Aurélia Poirier, Karim Leklou, Sarah Le Picard, Arieh Worthalter
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 17 février 2022 20:40
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 11 novembre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Paris 1899. Le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade. Mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé. D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds.
Critique : Le second long métrage d’Elie Wajeman, révélé à la Quinzaine des Réalisateurs 2012 avec Alya, démarre fort : une jeune femme au prénom biblique, Judith (Adèle Exarchopoulos), filmée en plan fixe, relate son parcours et expose ses convictions politiques à un interlocuteur, comme si elle passait un entretien d’embauche. S’ensuit un générique séduisant, porté par la musique contemporaine de Gloria Jacobsen, qui laisse espérer un film en costumes décalé, porté sur la mise en abyme, à l’instar de L’Apollonide (Souvenirs de la maison close) de Bertrand Bonello. En dépit de quelques fulgurances stylistiques, Les anarchistes propose pourtant une facture classique : ce récit d’une infiltration policière oscille entre la vulgarisation historique, le suspense criminel habile mais convenu et la chronique romanesque traditionnelle. On est loin de la rigueur politique ou de la flamboyance esthétique que Francesco Rosi ou Bernardo Bertolucci auraient naguère manifestées face à un tel matériau. Linéaire et illustratif, le film d’Elie Wajeman se laisse certes regarder sans ennui, tel un épisode enlevé et efficace de l’ancienne série télévisée Les brigades du Tigre.
- Copyright Matthieu Ponchel
Mais il manque un point de vue d’auteur et une vision de cinéaste qui auraient transcendé un ensemble somme toute académique. Pourtant, les dialogues sonnent juste et aucune maladresse ne vient ternir l’intrigue et la mise en scène. Il faut dire que les acteurs sont au diapason et que le cinéaste a su s’entourer d’une distribution de choix. Tahar Rahim (Un prophète) et Adèle Exarchoupoulos (La vie d’Adèle) sont remarquables comme à leur habitude. Guillaume Gouix, qui jouait le jeune professeur humaniste dans La vie en grand, interprète ici avec force un être rigide marqué par son engagement intransigeant. Quant à Swann Arlaud, déjà remarqué dans Ni le ciel, ni la terre, il campe avec ardeur le personnage d’Élisée, halluciné, fragile et inquiétant, offrant une performance dramatique toute de retenue et de luminosité, dans la lignée de Robert Le Vigan. Rien que pour les comédiens, Les anarchistes mérite le détour mais on était en droit d’attendre plus d’audace pour un film en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes.
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