Les 3 p’tits cochons

Une comédie légère qui lorgne sans complexe du côté du diptyque de Denys Arcand. Un poil long, mais efficace et rafraîchissant.

L’argument : A l’hôpital, trois frères se rencontrent au chevet de leur mère dans le coma. Pour passer le temps, ils discutent des mérites et plaisirs de la fidélité et de l’infidélité conjugale. Les conversations des deux plus jeunes avancent au gré des jours dans des détails et des fantasmes de plus en plus juteux, ce qui les poussera à agir à l’encontre de la morale et des valeurs plus solides de l’aîné.

Notre avis : Cette variation audacieuse sur la fable des trois petits cochons passe au peigne fin les tiraillements sexuels de trois frères, tous dans la trentaine, qui connaissent une crise dans leur couple. Ajoutez à ce propos ouvertement en dessous de la ceinture, qu’on ne boudera pas, une mère agonisant dans une chambre d’hôpital et Les 3 p’tits cochons ressemble de plus en plus à une révision light mais savoureuse du Déclin de l’empire américain et Des invasions barbares du compatriote Denys Arcand.
Dans cette relecture porcine de la fable, la maison en paille de Mathieu, le premier cochon donc, père de famille sous pression, ne résiste pas à la première tentation. Pas plus que celle en bois de Christian, prof d’arts martiaux obsédé et adepte de cybersexe. Rémi, le troisième petit cochon, le donneur de leçons de l’histoire, semble lui, au moins en apparence, bien à l’abri des tentations dans son château en pierre où vient fissa se réfugier le reste de la fratrie. La queue entre les jambes, évidemment. Quant au méchant loup de l’histoire, on dira que c’est l’irruption de la routine dans le couple mais aussi celle, inéluctable, d’une pin-up blonde dans le champ visuel de nos trois compères.
Si la comédie fait avec bonheur la part belle aux personnages masculins - les meilleures scènes tournent d’ailleurs autour des conseils de guerre entre frères, propices aux confidences intimes - il est dommage que ce soit au détriment des rôles féminins (ici l’épouse ou la maîtresse). Ceux-ci sont moins écrits et servent essentiellement de faire-valoir. Autre petit bémol, le film aurait gagné en densité s’il avait été amputé d’une vingtaine de minutes. Mais cela mis à part, on est irrémédiablement séduit par l’esprit bon enfant, le plaisir évident et communicatif des trois acteurs principaux à se donner la réplique, les jeux de mots douteux et disons-le tout net, les expressions cocasses venues d’outre-Atlantique. Annoncé comme le plus gros succès québécois de l’année 2007, cette production est assurément une bonne surprise et mérite bien nos égards de francophones portés sur la chose.