Leon et Olvido

Un frère et une sœur pris dans la complexité de liens où l’autre est tour à tout boulet ou bouée de sauvetage.

L’argument : Leon et Olvido sont frère et sœur. Jumeaux. Mais Leon est trisomique et se fait renvoyer de toutes les institutions pour pouvoir vivre avec sa sœur, déchaînant des torrents de pulsions d’amour et de mort.

Notre avis : Une cellule familiale réduite à sa plus simple expression. Pour ne pas diluer les sentiments, pour laisser intacte la bulle amniotique dont se nourrissent le frère et la sœur, sans cesse entre fusion et rejet. Olvido repousse et embrasse, berce et empoisonne, câline et abandonne. Olvido... L’oubli. Oublier ce frère qui s’impose à elle avec toute la force d’un amour exclusif, qui joue au caïd et roule des mécaniques de macho mais l’attend des heures à la sortie de l’école. Oublier les amours sans lendemain, les boulots précaires, les vautours qui guettent.
Le propos de Javier Bermudez est de s’intéresser à cette relation trouble et complexe qui lie les frères et sœurs, un lien qui emprisonne et rend plus fort à la fois. Olvido oscille sans cesse entre son amour absolu pour ce frère haï, et les pulsions meurtrières qui sont autant d’automutilations.
Servi par l’interprétation magistrale de Marta Larralde et Guillem Jimenez, le film dépasse bien souvent les limites d’un propos avoué, et questionne la différence, et la souffrance du handicap. Leon et Olvido se construisent une forteresse en marge de la vie, où les règles ne sont plus les mêmes, où l’amour se donne comme des paires de claques, dans la compulsion.
Grave, tendre, cruel, Leon et Olvido esquisse des tranches de vie en rose et gris, par petites touches, dans la justesse de l’émotion et la complexité des sentiments.