Revue équestre
Le 9 juin 2014
Le talent du franc tireur Werner Hochbaum fait éclater les conventions dans cette comédie musicale destinée à lancer la carrière allemande de Marika Rökk, future mega-star de la UFA.
- Réalisateur : Werner Hochbaum
- Acteurs : Hans Adalbert Schlettow, Fritz Kampers, Marika Rökk, Karl Hellmer, Heinz von Cleve, Lotte Lorring, Cilly Feindt, Hilde Sessak, Helmuth Bautzmann, Alfred Karen
- Genre : Comédie musicale
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h25mn
- Plus d'informations : http://www.youtube.com/watch?v=m80A...
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– Production : F.D.F. Fabrikation deutscher Filme GmbH (Berlin) pour la Universum-Film AG (UFA) (Berlin)
– Tournage : Cirque Busch, Budapest, Berlin
– Visa de censure en Allemagne : 12 octobre 1935
– Sortie Allemagne : 14 octobre 1935
– motifs musicaux tirés de l’opérette Leichte Kavallerie de Franz von Suppé
Le talent du franc tireur Werner Hochbaum fait éclater les conventions dans cette comédie musicale destinée à lancer la carrière allemande de Marika Rökk, future mega-star de la UFA.
L’argument : La jeune Rosika se lie d’amitié avec Rux, un clown vieillissant, et s’enfuit de l’auberge tenue par son beau père pour travailler dans un cirque. Elle s’éprend du garçon d’écurie Geza mais Rux éloigne le jeune homme pour ne pas compromettre la prometteuse carrière de Rosika.
Le directeur Cherubini propose de l’épouser. Elle refuse. Rux est renvoyé et Rosika donne sa démission pour le suivre à Budapest. Ils tentent, d’abord sans succès, de monter une revue équestre dans un autre cirque.
Notre avis : La hongroise Marika Rökk (1913 - 2004) fut, entre 1935 et 1945, une des principales armes de guerre de la UFA dans son offensive de grande ampleur destinée à inonder le marché européen de produits de pur divertissement calibrés pour battre sur son propre terrain la production hollywoodienne de l’époque. Dans les comédies musicales sur-vitaminées (Kora Terry, Die Frau meiner Träume) qu’elle tourna le plus souvent sous la direction de son époux Georg Jacoby, elle déployait une énergie apparemment inusable et réalisait des prouesses acrobatiques qui ne parvenaient pas à masquer des dons de danseuse et d’actrice limités mais lui assurèrent un succès durable auprès du public germanophone puisqu’elle continuera d’apparaître très régulièrement au cinéma, sur scène et à la télévision jusqu’en 1998 !
- Leichte Kavallerie 1935 Marika Rökk
Leichte Kavalerie est son premier film allemand. Bien qu’elle ait déjà tenu auparavant des premiers rôles dans deux productions hongroises et que son personnage au fort tempérament soit conforme à l’emploi qui sera toujours le sien, elle fait preuve ici d’une fraîcheur que les ficelles du métier n’ont pas encore étouffée. Il faut dire que, pour la seule fois peut-être de sa carrière, elle est regardée par un vrai cinéaste qui sait rendre touchante l’application un peu gauche de son jeu et en faire un atout, un gage de spontanéité.
Ce cinéaste n’est autre que le talentueux Werner Hochbaum, engagé par le passé auprès de la SPD et qui venait de tourner en Autriche deux films très ambitieux bien peu conformes aux canons idéologiques en vigueur dans l’Allemagne d’après 1933 (Vortsadtvariété et Die ewige Maske). Il semble vouloir rentrer dans le rang et faire appel aux ressources du seul savoir-faire en acceptant de diriger cette bande au scénario convenu et aux ambitions clairement commerciales.
- Leichte Kavallerie 1935 Marika Rökk et Karl Hellmer
Il ne renie pourtant pas son passé de documentariste ni son goût pour l’expérimentation et son talent de cinéaste fait éclater sans cesse les limites qu’il tente de s’imposer. Une vie intense anime chaque plan, compromettant irrémédiablement la mécanique dramatique et l’imagerie attendues. La caméra toujours en mouvement explore l’espace, adopte souvent des angles inattendus (décentrés ou trop éloignés), semble toujours filmer en même temps l’endroit et l’envers du décor et parvient à donner de l’univers du cirque une vision non réductrice, non figée dans les stéréotypes.
Même le clou programmé du film, l’éblouissant numéro de revue final, n’est pas seulement le morceau de bravoure, la grosse machine bien huilée qu’on attend mais un véritable moment d’émotion.
- Leichte Kavallerie 1935 Cilly Feindt et Heinz von Cleve
Bref : pas plus que dans les autres films qu’il tournera en Allemagne jusqu’en 1939, le franc tireur Werner Hochbaum ne parvient ici à se limiter au rôle de simple exécutant talentueux et à se conformer aux canons esthétiques-idéologiques en vigueur. Sa position au sein de l’industrie cinématographique sous contrôle d’état sera d’ailleurs des plus inconfortables et précaires.
- Leichte Kavallerie 1935
Signalons que, conformément à un usage répandu à l époque, Hochbaum réalisa simultanément une version française (Cavalerie légère) interpétée par Mona Goya, Gabriel Gabrio et Line Noro.
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