Le 22 septembre 2021
Un roman aussi haletant qu’un thriller, qui fera date dans le paysage littéraire par sa maîtrise et le regard qu’il porte sur notre société.
- Auteur : Abel Quentin
- Collection : Fiction
- Editeur : Editions de l’Observatoire
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
- Prix : Le Prix Maison rouge Biarritz 2021
- Date de sortie : 18 août 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Tout juste retraité et au bord de la fracture, Jean Roscoff, ancien universitaire, peine à garder le cap malgré l’aide de son ex femme Agnès et de sa fille Léonie qui tentent par tous les moyens de l’éloigner de son démon, l’alcool. Leur idée est simple, le pousser à écrire sur la figure oubliée du poète américain Robert Willow qui le passionne depuis de nombreuses années. Alors que ce roman apparaissait comme une bouée de sauvetage pour Jean, la parution d’un billet sur un blog anonyme à la suite d’une lecture publique, va mettre le feu aux poudres le plongeant dans les abysses.
Critique : Difficile, lorsque le roman débute, d’imaginer que Jean Roscoff, cet universitaire fraichement retraité, divorcé et père d’une fille, va se retrouver au cœur d’une polémique intime, mais aussi publique, devenant le symbole de la division nationale.
En effet, Abel Quentin commence son récit en prenant le temps. Toute la première partie de l’œuvre est une immense scène d’introduction où l’auteur présente, avec beaucoup de détails, les différents personnages, leur rapport aux autres et plus globalement au monde.
Ainsi, on apprend que Jean a rencontré son seul ami, aujourd’hui avocat de renom, lorsqu’ils étaient tous les deux à SOS Racisme, qu’il se considère comme progressiste et ouvert d’esprit. A contrario, Jeanne, la petite amie de sa fille Léonie, le voit comme l’archétype de l’homme blanc, soit un oppresseur de la classe dominante qui ignore son racisme. Au milieu, Léonie et Agnès font tampon entre ces deux mondes qui s’affrontent : celui de Jeanne tente de lui faire entendre que, malgré lui, il propage la culture du racisme, celui de Jean demeure totalement interdit devant ce nouveau militantisme.
Les nombreuses conversations apparaissent de prime abord reliées à l’époque que nous vivons et à ses questionnements, d’autant qu’Abel Quentin distille de nombreux indices pour mettre la puce à l’oreille de son lecteur.
Brutalement, le rythme s’accélère et la narration monte en puissance lorsque Jean Roscoff sort son livre sur Robert Willow. Soudain, le roman change de dimension et entraîne avec lui le lecteur dans une seconde partie qui se rapproche du thriller. Roscoff, alors anonyme, va très vite se retrouver sous le feu des projecteurs suite à la parution de son ouvrage, l’obligeant à quitter Paris pour plusieurs jours, afin d’éviter la vindicte populaire. Dès lors, le propos devient plus haletant, voire oppressant. Le lecteur peine à reprendre son souffle.
Tout le talent de l’auteur réside d’ailleurs dans ces changements de rythme qui font ressentir de façon profonde les peurs et les craintes de Jean. Car si le romancier prend le temps de mettre son intrigue en place, c’est également pour nous permettre de faire corps avec le héros, donc Jean, d’éprouver de la sympathie à son égard. Ainsi, le piège se referme sur le destinataire du texte, quand l’universitaire se verra critiqué en place publique pour son ouvrage et ses propos. L’identification initiale incitera le lecteur à se regarder dans le miroir d’une pensée plus woke. Néanmoins, il ne faudrait pas prêter une intention binaire à ce roman, qui, par de nombreux aspects, prouve bien que la nuance a parfois du bon dans les débats d’idées.
380 pages
14 x 20 cm
20 €
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