Le 31 octobre 2020
A travers le trajet du précepteur des enfants Romanov, ce passionnant docufiction raconte les derniers moments de l’Empire russe, avant la révolution bolchévique.
- Réalisateur : Patrick Cabouat
- Durée : 1h30min
- Date télé : 31 octobre 2020 20:50
- Chaîne : Arte
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News : Ce docufiction passionnant entremêle la petite histoire et la grande, à travers le parcours du précepteur des enfants Romanov, le professeur de français de nationalité suisse Pierre Gilliard. Celui-ci fut engagé par la famille impériale et s’occupa particulièrement du tsarévitch Alexis qu’il s’efforça de sortir des palais, pour l’initier à une forme d’enfance plus insouciante, privilégiant une manière d’éducation à l’autonomie, nouant avec le jeune héritier de vrais rapports affectifs, renforcés par l’hémophilie du futur souverain.
Des extraits du journal tenu par l’éducateur constituent le fil rouge du propos, qui s’élargit aussi à une contextualisation de la situation sociale et économique de la Russie, alors en pleine mutation, avec l’émergence d’une prolétarisation urbaine, même si la ruralité de cette immense contrée se cristallise encore à travers la présence des koulaks, ces riches propriétaires paysans, symbole du régime impérial. La révolte gronde à partir de 1905. Le Tsar autocrate ne la comprend pas, l’armée réprime dans le sang les velléités de protestations lors du "Dimanche rouge", à Saint-Pétersbourg, en 1905. La rupture avec le peuple se concrétise.
Parallèlement à ces événements historiques, l’influence de l’opportuniste guérisseur Raspoutine est évoquée, notamment celle qu’il exerça sur l’impératrice Alexandra, désespérée par la pathologie incurable de son enfant.
L’histoire s’accélère évidemment à partir de la Première Guerre mondiale, le souverain russe multipliant les erreurs politiques, décrétant par exemple la mobilisation générale, alors que son armée n’est pas prête. Raspoutine prévoit la mort de toute la famille impériale : "On vaincra l’Allemagne, mais la Russie sera noyée dans le sang", prophétisera le mystique.
Trompé par l’illusion d’une unité nationale autour de sa personne, isolé par son statut, payant son impéritie et son indécision stratégique, Nicolas II ne voit pas les effets réels de la guerre sur le peuple, d’autant que les sacrifices des soldats, devenus de la chair à canon, vont renforcer le climat révolutionnaire jusque dans l’armée. Les défaites militaires s’enchaînent, le conflit se déplace sur le sol russe. Dès lors, les griefs incriminent l’impératrice Alexandra, d’origine allemande, et notamment l’influence qu’elle exerce sur son mari. Influence réelle (avec l’aide de Raspoutine), qui affaiblira considérablement le Tsar. L’inflation galopante, la corruption généralisée du gouvernement, l’impréparation politique du falot Nicolas II, le carnage sans fin de la guerre, les famines de plus en plus nombreuses accrues par les rigueurs de l’hiver, les revendications sociales, se chargeront d’accélérer la tragédie. La révolution de 1917 renversera la monarchie. Quelques mois plus tard, la famille Romanov sera maintenue en résidence surveillée, puis exécutée dans la villa Ipatiev, à Iekaterinbourg, sur ordre de Lénine. Le précepteur Pierre Gilliard lui aura été fidèle avant d’être séparé d’elle, quelques semaines avant la sentence de condamnation à mort.
Images d’archives, photographies ou films de l’intimité familiale, analyses d’historiens, reconstitutions de moments biographiques, font de ce film un témoignage intéressant de bout en bout. Le tout se regarde comme l’histoire tragique d’un régime impérial tout puissant, qui a engendré les conditions de sa propre perte.
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