Le temps de quelques jours - la critique du film

Première caméra à entrer au sein de l’ordre Cistércien de la Stricte Observance, Nicolas Gayraud médite en images aux côtés des sœurs de l’Abbaye de Bonneval.

L’argument : Loin des clichés, les sœurs de l’Abbaye de Bonneval se confient et surprennent par leurs réflexions sur la société, la consommation, le rapport au temps. Première et unique caméra à entrer au sein de l’ordre Cistércien de la Stricte Observance, elle nous fait découvrir des femmes à la philosophie étonnamment moderne en plein cœur d’une abbaye séculaire.

Notre avis : Suspendues à l’horloge du temps, marquées dans leurs chairs par l’égrènement des secondes, dépendantes d’un goût d’éternité, les sœurs de l’Abbaye de Bonneval ont fait le choix d’une vie retirée. Au sein d’une antique abbaye, cloîtrées entre les murs de pierre glacées, ces trente moniales se réchauffent à la flamme de leurs convictions philosophiques.

© La Vingt-Cinquième Heure

Dans le plus simple appareil, les religieuses épousent la caméra de Nicolas Gayraud tout jurant fidélité à leurs convictions. Au prime abord peu désireuses d’être mises en scène, les nonnes trappistes se sont laissées convaincre par la ferveur du cinéaste. La mère supérieure, la pétulante doyenne, l’ancienne ingénieur informaticienne, le maître chocolatier... Cette galerie de personnages extraordinaire se dévoile de confidences en réflexion. Chacune de leurs paroles ajoute au portrait coloré de ces âmes sereines comme autant de touches de couleurs d’un tableau pointilliste.
D’une simplicité déroutante, ce documentaire compose une thèse sur l’abandon de soi et l’oubli de l’être. Composition modeste sur un quotidien extraordinaire, Le temps de quelques jours invite à s’extirper de nos habitudes effrénées et de nos rythmes immuables.

© La Vingt-Cinquième Heure

Séduit par la pudeur de l’oeuvre, le réalisateur Raymond Depardon salue dès sa sortie le film de Nicolas Gayraud (avec lequel on remarque d’ailleurs certaines accointances avec le célèbre documentariste.) La modestie et l’effort ascète de la mise en scène font du Temps de quelques jours une parenthèse enchantée. La beauté humaine jaillit en cascades de rochers et le spectateur s’y abreuve avidement.