Au père éternel
Le 16 février 2017
Un film trop studieux qui manque singulièrement de passion et d’émotion, malgré l’interprétation d’Olivier Gourmet, toujours impeccable.
- Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
- Acteurs : Olivier Gourmet, Mathieu Amalric, Constance Rousseau, Tahar Rahim
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Français, Japonais, Belge
- Durée : 2h11mn
- Date de sortie : 8 mars 2017
- Festival : Gérardmer 2017
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Résumé : Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu’il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l’objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu’il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique.
Notre avis : Les fantômes, les apparitions et la photographie ont toujours fasciné le réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa qui, en partant d’un scénario écrit par ses soins, a posé ses valises en Ile-de-France pour son premier film réalisé hors de l’archipel nippon. Récompensé deux fois par le prix "Un Certain Regard" au festival de Cannes pour Tokyo Sonata (2008) et Vers l’autre rive (2015), Kiyoshi Kurosawa a toujours eu un lien très particulier avec la France, et c’est au cours de ses voyages qu’il a repéré des bâtisses à l’architecture parfaite pour représenter des escaliers qui craquent, des portes qui grincent ou encore des chambres secrètes.
Bien que Le secret de la chambre noire n’ait pas été écrit spécifiquement pour la France, c’est pourtant en délocalisant sa production dans le Val-de-Marne que le cinéaste a adapté les fameuses apparitions qui lui sont si chères à une tradition plus occidentale. Aussi, au milieu de nombreux plans fixes, des portes, des rideaux ou des escaliers s’amusent à grincer et le spectateur se prend à guetter une apparition.
- Version Originale / Condor
La filmographie de Kiyoshi Kurosawa, qui s’est illustrée dans le pink eiga (des films érotiques japonais) ainsi que dans des séries B avant de se lancer dans le cinéma d’épouvante, montre sa fascination pour les spectres (les kaidan, en japonais, des âmes de défunts qui hantent les vivants pour se venger). Décidé à transposer ces histoires en France, offrant un dépaysement saisissant au public nippon, c’est en s’entourant d’un casting francophone qu’il présente Le secret de la chambre noire, ou l’histoire d’un photographe qui s’obstine à réaliser des daguerréotypes en prenant sa fille unique comme modèle, lui infligeant des séances de pose toujours plus longue et douloureuse. Dans ce monde un peu étrange, arrive un jeune assistant joué par Tahar Rahim, qui va bouleverser l’équilibre entre le réel et le fantastique. Au risque de se perdre…et de nous perdre !
- Version Originale / Condor
Dans cette richesse thématique (la photographie, le fantastique et l’épouvante, mais également l’architecture, le développement durable, l’urbanisme ou encore les enquêtes policières), il est difficile de ne pas se désintéresser peu à peu du sujet. Si les premières images du film laissent espérer un travail sur la photographie, ses différentes techniques et son évolution, ainsi qu’une réflexion sur le cinéma et le clair-obscur, le scénario se perd dans ce qu’il veut exprimer et Tahar Rahim ne sait plus où donner de la tête.
- Version Originale / Condor
Honnête demandeur d’emploi au début du film, assistant zélé ensuite, il plonge dans le crime en se laissant appâter par un peu d’argent facile, plongeant le long-métrage dans une partie inintéressante entre projet d’urbanisme et jeu de cache-cache avec Olivier Gourmet, impeccable en photographe fragile et perturbé, et le personnage de sa fille qui n’est à l’aise ni devant l’objectif ni devant la caméra, la comédienne Constance Rousseau ayant de toute évidence du mal à saisir les différents aspects de son personnage (pourtant central). Tahar Rahim passe lui-même pour une erreur de casting tant il est perdu dans les méandres du scénario.
- Version Originale / Condor
Techniquement impeccable, Le Secret de la Chambre Noire ne devrait pas faire date dans la filmographie de ses acteurs, et encore moins dans celle de son illustre réalisateur qui a démontré ailleurs beaucoup plus de conviction. Quand la passion est aussi blême que les fameux fantômes qui hantent les images, il ne reste que des codes, éternellement rabâchés, au détriment de la narration et, forcément, de l’intérêt que l’on porte au film.
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