Family life
Le 19 septembre 2005
Jardin cultive sa famille de dingues dans un roman burlesque qu’on aurait préféré moins clinquant.
- Auteur : Alexandre Jardin
- Editeur : Grasset
- Genre : Roman & fiction
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Qu’est-ce qui se passe avec la critique cet automne pour que, d’un élan (du cœur ?) unanime, elle porte au pinacle le dernier roman d’Alexandre Jardin, comme si d’avoir quitté Gallimard pour Grasset avait refait une virginité au fils du Zubial et petit-fils du Nain Jaune ? Nous sommes bien d’accord, Jardin nous avait habitués à largement moins réussi, mais de là à crier au génie, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Non que son livre soit déplaisant, bien au contraire. Il faut dire que le sujet, la famille de l’auteur, est éminemment romanesque avec ses individus complètement fêlés du bocal. Jardin met la surmultipliée pour capter le burlesque et le tragique des (més)aventures des siens. Ça pétarade dans tous les sens, c’est enlevé. La surenchère de moments de bravoure est de prime abord bidonnante. Mais à force, la tête vous tourne à suivre ces lignes sur-écrites, avec une systématisation de la formule - souvent excellente, reconnaissons-le - qui avoisine le tic de langage.
Ce qui est plus agaçant dans ce livre, ce sont les moments d’introspection auxquels se livre Alexandre Jardin. On veut bien croire que son éducation, dans un milieu aussi peu conventionnel, ait laissé des traces difficiles à effacer et explique le pourquoi et le comment de l’œuvre qu’il a derrière lui, plutôt cucul la praline puisque, par opposition, il ne voulait croire qu’en une chose : la vie de couple parfaite, l’osmose amoureuse. Hélas, la façon qu’il a de se justifier, le ton qui voudrait amener l’apitoiement souriant du lecteur, se retournent comme un boomerang. La naïveté paraît factice, la sincérité semble feinte. Mais après tout, ce n’est pas une confession, c’est un roman, le titre le confirme. Alors balayons nos objections et disons que ce Roman des Jardin reste parfaitement lisible et procure quelques vifs moments de plaisir. Tout le mal qu’on peut souhaiter à Alexandre le ressuscité, c’est qu’après ce livre qui lui a demandé des années de gestation, il se mette à cultiver son propre jardin en jetant aux orties le clinquant utilisé ici en camouflage. Il en a les moyens. On l’attend donc au virage.
Alexandre Jardin, Le roman des Jardin, Grasset, 2005, 313 pages, 18 €
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