Le 6 octobre 2020
Sorti une première fois en 1967 sous le titre En attendant Godard, l’ouvrage de Michel Vianey Le Roman de Godard retrace le tournage de Masculin Féminin et l’amitié entre le journaliste et le cinéaste. Un récit qui joue entre vérité et fiction, à la manière des films du cinéaste.
- Reprise: 6 octobre 2020
- Auteur : Michel Vianey
- Editeur : Marest éditeur
- Genre : Autofiction
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 1er janvier 1967
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Résumé : C’est en 1965 que Jean-Luc Godard déjà fort de nombreux succès comme {A bout de Souffle, Le Mépris} ou encore {Une Femme et une Femme}, se lance dans l’écriture et la réalisation de {Masculin Féminin}. Il choisira ce tournage pour inviter le journaliste et écrivain Michel Vianey à le suivre et à raconter ce film comme il l’a vécu.
Critique : Qui n’a jamais rêvé de faire de Jean-Luc Godard, l’un des cinéastes les plus fascinants et pourtant inaccessible du paysage cinématographique mondial, un personnage de fiction ? Si l’on trouve beaucoup de témoignages sur l’auteur, de biographies, ou d’anecdotes de tournages, personne n’avait encore jamais osé s’attaquer à cette figure tutélaire du septième art, pour en faire un véritable héros romanesque.
Dans son ouvrage, Le roman de Godard, que les éditions Marest ont eu la bonne idée de rééditer, Michel Vianey prend le parti du romanesque, sans pour autant abandonner le réel. Car si Jean-Luc devient Edmond, les autres protagonistes, qu’il s’agisse de Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya et même Anna Karina, gardent quant à eux leur véritable identité.
On pourrait alors s’interroger sur le choix du changement de prénom de Godard. Peut-être que la réponse réside dans le mystère que constitue le metteur en scène, même pour les gens qui l’ont bien connu. Dès lors, faire de lui un personnage de roman est un exercice plus aisé. Ou alors, peut être que l’incursion du romanesque dans le réel permet au récit, à l’image du réalisateur, de jouer avec le lecteur et de se montrer facétieux, alternant constamment entre vérité et invention, à l’image des films Godard qui, malgré un ancrage réaliste, n’en restent pas moins des fictions.
Ainsi, le roman de Michel Vianey, ou plutôt son journal de bord, devient, par sa forme hybride, un double hommage au cinéaste, car il est à la fois très semblable à un journal de bord dans lequel le scripteur relate les événements avec beaucoup de détails, mais même en temps, le texte n’hésite pas à romancer certains épisodes. Très vite, le lecteur ne sait plus s’il doit prendre ou non pour argent comptant les histoires racontées, et Jean-Luc Godard s’efface derrière son alter ego Edmond.
Néanmoins, le réel n’est jamais loin, notamment lorsqu’Anna Karina raconte son histoire d’amour avec l’auteur de Pierrot le Fou et les quelques années qu’ils ont vécues ensemble. Pour le reste, le lecteur reste libre de croire ou non que le réalisateur a choisi Jean-Pierre Léaud uniquement parce qu’il le voyait tous les soirs jouer au flipper, ou alors qu’il avait fait venir sa secrétaire des Etats-Unis sur un coup de tête.
Avec cet ouvrage, on se sent plus proche du cinéaste, car au plus près du tournage de Masculin Féminin. Pourtant, rien ne nous prouve que ce qu’on lit est vrai. Comme si, à travers cet ouvrage, Michel Vianey, avec la complicité malicieuse de Godard, voulait changer la forme du roman classique au profit d’une nouvelle façon d’écrire, un peu comme les cinéastes de la Nouvelle Vague ont modifié la façon de faire des films.
17 euros
192 pages
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