Intelligence Emotionnelle
Le 12 octobre 2024
Sous ses airs de petit film d’animation tout public, Le Robot sauvage laisse entrevoir une réalité de plus en plus palpable et inquiétante : l’idée que la machine serait plus humaine que l’être humain lui-même.
- Réalisateur : Chris Sanders
- Genre : Comédie, Animation, Film pour enfants, Film pour ou sur la famille, Aventure
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h42mn
- Titre original : The Wild Robot
- Date de sortie : 9 octobre 2024
- Festival : Festival d’Annecy 2024
L'a vu
Veut le voir
Résumé : L’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.
Critique : Par le sujet qu’il aborde et l’histoire qu’il raconte, Le Robot sauvage a suscité un intérêt particulier dès les premières images et bandes-annonces diffusées au grand public. Le dernier né du studio DreamWorks, père de nombre de désormais classiques de l’animation, s’est même payé le luxe de venir présenter sa genèse et son développement en exclusivité au Festival d’Annecy. 2024.
Pourtant, le synopsis, sans mauvais jeu de mot, ne semblait pas casser trois pattes à un canard : un robot d’assistance se retrouve perdu dans une forêt sauvage et recueille un oison à qui il apprend à voler avant sa première migration.
Aurait-on, dès lors, affaire à un mauvais mélange entre Wall-E et La Mouette et le Chat ? Pas du tout.
- Copyright 2024 DreamWorks Animation
Le métrage est en réalité beaucoup plus riche qu’il y paraît : c’est d’abord l’histoire d’une héroïne atypique, projetée dans un milieu pour lequel elle n’était pas programmée ;, puis celle d’une mère adoptive, couplée à un récit d’apprentissage classique mais touchant ; c’est aussi l’épopée d’un Noé des temps modernes ; et enfin, la quête résolue d’une émancipation.
Si l’animation, techniquement réussie, reste conventionnelle dans son exécution, n’offrant aucune autre surprise que les mouvements de la mécanique et des articulations de Roz le robot, n’allez pas croire que le film de Chris Sanders, peuplé d’animaux qui parlent et saupoudré de quelques gags, ne s’adresse qu’au jeune public. Il semble se dégager de sa diégèse une théorie pour le moins désabusée sur l’essor de l’intelligence artificielle au sein de nos sociétés.
- Copyright 2024 DreamWorks Animation
Reportages, enquêtes sociologiques, micros-trottoirs diffusés sur un célèbre hébergeur de vidéos en ligne, attestent d’une certaine fatigue émotionnelle, notamment chez les générations Z et Alpha. Comme si les interactions sociales étaient devenues si difficiles et insupportables qu’il faudrait les bannir de nos vies. À tel point que plusieurs start-up ont développé, dans les pas de ChatGPT, des intelligences artificielles capables de se substituer aux êtres humains, jusqu’à prétendre pouvoir devenir votre meilleur(e) ami(e). Voir à ce sujet l’excellent reportagedu média Suisse Tataki.
Le véritable fil conducteur du Robot sauvage est ainsi le cheminement de son héroïne vers l’appréhension et le développement d’émotions et de concepts humains. Ainsi, le film étant quasiment dépourvu d’hommes et de femmes, la machine et l’animal anthropomorphique apparaissent-ils comme bien plus doués d’humanité que l’Humanité elle-même, ravagée de toute part par de nouveaux conflits destructeurs. Faut-il y voir, de la part de l’équipe du film, un pessimisme manifeste quant à l’avenir de celle-ci ? Rien n’est moins sûr.
- Copyright 2024 DreamWorks Animation
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.