Sweet dreams are made of these...
Le 19 juillet 2018
Une évocation évasive de Mai 68 en Italie. Un témoignage bien intentionné mais historiquement plus qu’incomplet.


- Réalisateur : Michele Placido
- Acteurs : Jasmine Trinca, Riccardo Scamarcio, Luca Argento
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Rezo Films, Studio 37
- Durée : 1h41mn
- Box-office : 38.243 entrées France / 14.118 entrées Paris Périphérie
- Titre original : Il grande sogno
- Date de sortie : 10 mars 2010

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Résumé : Nicola, un beau jeune homme de la région des Pouilles (sud de l’Italie) est policier mais rêve de devenir acteur. Il va devoir infiltrer un monde étudiant en pleine effervescence. A l’université, il rencontre Laura, une jeune fille de la bourgeoisie catholique italienne, étudiante brillante et passionnée qui rêve d’un monde sans injustices, et Libero, leader du mouvement étudiant qui rêve de révolution. Entre eux trois naissent des sentiments et de fortes passions...
Notre avis : Alors qu’on a rappelé et célébré en 2008, les évènements de Mai 68 en France, on a souvent tendance à oublier que le soulèvement contestataire français de la fin des années soixante s’est également produit dans d’autres pays européens, notamment en Italie. Le rêve italien retrace le parcours d’une jeunesse bourgeoise, consciente de ses privilèges, en recherche d’une dynamique politique et sociale plus égalitaire et démocratique. L’intention de témoigner de Michele Placido est bonne, mais les héros sont stéréotypés. Dans ce long-métrage, les jeunes sont beaux et forcément emplis de bon sens et de raison et sont confrontés à des parents réfractaires et surtout dépassés par des évènements qu’ils ne peuvent évidemment pas comprendre. Simpliste et manichéen, avez-vous dit ?
Le rêve italien présente ainsi la révolte d’une jeunesse désorientée qui veut se créer de nouveaux repères en marge des conventions et des valeurs pérennes de leur pays. Mais le scénario se concentrant plus sur les moyens mis en place, que sur l’engagement idéologique, les manifestations qui nous sont données à voir demeurent hors de toute contextualisation historique. Serait-ce pour mieux exposer la facilité d’embrigadement militant des étudiants par des syndicats (omniprésents dans le récit) ? Pas si sûr dans la mesure où, une fois la période contestataire achevée, aucune indication sur la suite des évènements n’est donnée (pas même une évocation des Brigades rouges), à part quelques lignes décrivant ce qu’il est advenu des personnages. De bien faibles données pour une analyse sociologique. Michele Placido réduit cette révolte sociale fondamentale de la jeunesse à un rêve uniquement naïf et utopique de changer le monde ; l’essentiel étant seulement d’y croire.
Cet ensemble fouillis, entre tribulations sentimentales et de vagues considérations historiques, fait du Rêve italien un long-métrage quasiment inachevé au cours duquel on attend en permanence (en vain) le moment où le cinéaste choisira définitivement l’angle d’attaque de son sujet sur Mai 68 : dramatique ou historique, romance ou documentaire. Néanmoins, il faut relever l’interprétation convaincante (très naturelle) des acteurs qui offrent au film sa part de crédibilité que le scénario malheureusement délite.
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