Le 21 mai 2021
Long métrage diffusé en tant que téléfilm en deux parties. Un ramassis de clichés, la génération 68 folklorisée. Soyons réalistes, actionnons la zappette.


- Réalisateurs : Olivier Ducastel - Jacques Martineau
- Acteurs : Lætitia Casta, Yann Tregouët, Christine Citti, Yannick Renier, Théo Frilet
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+, Politique
- Nationalité : Français
- Durée : 2h53mn
- Date télé : 21 mai 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 21 mai 2008
Critique : On connaissait l’inénarrable "Gauloises, Gaulois" de Christophe Lambert dans le nanardissime Vercingétorix de Jacques Dorfmann. Il faudra y ajouter le "Soyons réaliste, demandez l’impossible", scandé par Laetitia Casta, alias Catherine, une jeune femme révoltée, qui s’époumone à coups de slogans piqués dans un livre d’images, façon Epinal, où rien ne manque, surtout pas les clichés qui se substituent paresseusement à la justesse d’une évocation. De cette caricature, Roland Barthes aurait fait son miel pour compléter le propos de ses Mythologies. Mai 68 réduit à son folklore -étudiants chevelus, joints, rues pavées, happenings et slogans, discours du vieux général furibard-, c’est encore la meilleure façon d’en trahir la substance, d’en déchiqueter la chair, certes moins immédiatement consommable, lorsqu’on s’attarde sur de longues réunions, des rassemblements fleuves où s’étalonnent des théories politiques, s’échangent des idées, non pas sur des désirs circonscrits dans une très vague formule (refaire le monde), que des personnages béats psalmodient tels des ravis de la crèche. La relecture de Né en 68 n’est pas seulement réductionniste, elle est mensongère : ainsi, lorsqu’un des ouvriers refuse de retourner au travail, en empruntant certaines formules d’une mémorable Jocelyne devant les usines Wonder, il s’agit encore d’un détournement, façon poster guevaresque, brandi à la face du monde, le choix des apparences au détriment de la réalité. Des justifications d’une jeune prolétarienne résolue à ne plus se faire exploiter, ne reste qu’un cri de ralliement en forme d’accroche publicitaire, comme une coquille vide.
L’affaire ne s’arrange pas plus quand tout la communauté des fantoches file droit vers le Lot, pour configurer un phalanstère, après que l’enfant de Catherine a été accueilli par ses amis sous les cris de "viva la revolución". Bandanas, bricolage, guitare et amour libre profilent des scènes conformes aux attentes du spectateur le plus cossard. Les étapes obligées s’enchaînent comme un logo-rallye historique : pancartes contre l’avortement (là encore, des formules, rien de plus), reprise dansante de Bella Ciao, devant une clinique, pour exiger la légalisation de l’avortement, discussion contradictoire à l’orée du septennat mitterrandiste, adieu théâtral de Giscard...
Ne perdons pas notre temps avec cette pochade, mal réalisée et mal jouée, en forme de rapt idéologique. Lisons ou relisons plutôt Ludivine Bantigny sur la période.
evil_owl 22 mai 2008
Nés en 68 - Olivier Ducastel et Jacques Martineau - téléfilm (1ère partie)
Ultra conservateur de tout poil, passés votre chemin ! Cette saga, de presque trois heures, sur la société d’après mai 1968 signifiera, au mieux, agacement, au pire, hérissement capillaire. Il faut être quelque peu concerné par les sujets évoqués, voire convaincu par leur intérêt, pour arriver, sans ennui, au terme de cette fresque qui ressemble un peu à la « sélection du reader’s digest ». On peut regretter un traitement très superficiel des thèmes, par touche, et le manque de réflexion général.
Il n’en reste pas moins que ce film se laisse regarder. Il nous offre à contempler le passé, l’évolution de l’histoire et du progrès social, pour ne pas désespérer en l’avenir. A ce titre, il mérite des égards. Il faut aussi avouer que les personnages sont attachants, avec une mention spéciale à Laetitia Casta.
Norman06 29 avril 2009
Nés en 68 - Olivier Ducastel et Jacques Martineau - téléfilm (1ère partie)
La première heure de cette bluette accumule les poncifs comme d’autres enfilent des perles. En aseptisant mai 68, le cinéaste ne choquera que les adeptes les plus radicaux (s’il en reste) de Philippe de Villiers et Christine Boutin. Mais la seconde partie (des années 80 à nos jours) émeut malgré l’emphase et les clichés inhérents au feuilleton télé. On aurait aimé pourtant voir davantage Laetitia Casta, Yannick Rénier et Yann Trégouët en dépit du stéréotype de leurs personnages. Au final, un récit attachant mais pour un vrai hommage à l’esprit de mai 68, il faudra revoir Bertolucci (1900 plus que Dreamers) ou Les Valseuses , qui fut en son temps un pavé dans la mare du cinéma.