Le 23 juin 2019
Ducastel et Martineau proposent un huis-clos audacieux sur le thème de la manipulation. Même si la mécanique tourne un peu en rond, la sincérité du propos et les qualités visuelles attirent l’attention.
- Réalisateurs : Olivier Ducastel - Jacques Martineau
- Acteurs : Lawrence Valin, Geoffrey Couët, François Nambot , Manika Auxire, Simon Frenay
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 21 août 2019
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Résumé : Une femme et quatre hommes, qui se connaissent à peine, se retrouvent dans un appartement en plein ciel au-dessus de Paris. Ils ont tous été victimes du même pervers dominateur. Ce soir-là, ils décident d’en finir avec cette histoire. Tour à tour, ils se racontent des souvenirs qui les lient à cet homme et entrent dans l’unique chambre de l’appartement pour se confronter à lui. Mais ce qui s’y passe reste leur secret.
Critique : Depuis deux décennies, Oliver Ducastel et Jacques Martineau sont les auteurs d’une œuvre intimiste et décalée, assumant les audaces d’un cinéma d’art et essai, mais n’excluant pas les références à la culture populaire, avec une prédilection pour les récits sentimentaux homosexuels. Les meilleurs jalons de leur parcours ont ainsi été Jeanne et le garçon formidable (1998, avec Virginie Ledoyen et Mathieu Demy), comédie musicale sur le sida ; Drôle de Félix (2000, avec Sami Bouajila), road movie attachant ; et Théo et Hugo dans le même bateau (2016), variation romanesque autour de la rencontre entre deux Parisiens. Haut perchés est né de la volonté des réalisateurs de tourner un huis-clos dans l’appartement d’Olivier Ducastel, en s’inspirant de leurs tourments affectifs. Si l’unité de temps rappelle la structure narrative de Théo et Hugo, les déambulations dans la capitale cèdent ici la place à une structure que d’aucuns assimileraient à du théâtre filmé, même s’il s’agit ici d’un scénario original, et bien qu’un tel dispositif ait fourni de grands films, de Douze hommes en colère de Sidney Lumet et Marie-Octobre de Julien Duvivier à La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, en passant par Le Limier de Joseph L. Mankiewicz ou Mélo d’Alain Resnais. La proposition de Ducastel et Martineau, sans être novatrice, n’en demeure donc pas moins authentiquement cinématographique, d’autant plus que des références de septième art sont manifestes concernant la thématique et le style : le Fassbinder du Droit du plus fort pour la manipulation perverse ou Gregg Araki à propos du travail sur les couleurs (superbe photo de Manuel Marmier), mais aussi tout un courant du cinéma français qui va de Paul Vecchiali et Jean-Claude Guiguet à Christophe Honoré et Yann Gonzalez.
- Copyright Epicentre Films
Le scénario de Haut perchés accorde une place centrale à la parole : « Je pense que là c’est un pur film de dialogue, cela a vraiment été pensé comme ça. Comme on savait qu’aucun grand financier n’allait lire le scénario, je me suis lâché ! La contrainte de départ d’Olivier, c’était qu’il fallait des récits, donc on a décidé de commencer très fort avec celui de Veronika qui est plutôt long. C’est le seul qui soit vraiment une longue tirade. Les autres sont plus courts et plus fragmentés », a déclaré Jacques Martineau. Le métrage est habile dans son traitement des rapports de force dans le couple. Les cinq personnages ont tous été amoureux du même homme et racontent leurs souffrances respectives, avec la garantie de ne pas être jugés par les autres. Où l’on apprend que l’objet de leurs déboires les a publiquement humiliés ou leur a fait miroiter une illusoire vie commune, le temps d’un malentendu savamment préparé, aux rayons d’un supermarché, dans les couloirs de l’Odéon ou les pénombres d’un sexclub.
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La caméra fixe chacune des confessions, mais les retrouvailles de chacun des protagonistes avec l’être incriminé sont filmées hors-champ, le mystère de leurs rencontres suscitant la curiosité des personnages, mais aussi du spectateur : s’agit-il d’un ultime pardon ou d’un règlement de comptes punitif ? Et y a-t-il vraiment quelqu’un dans cette chambre secrète ? La fausse bande d’amis tente en tout cas de créer un sentiment de solidarité, compensant les frustrations sentimentales par un désir de créer de nouveaux liens amicaux. C’est la singularité du long métrage, qui évite le jeu de massacre des affrontements autour d’un dîner, comme on en a souvent vus à l’écran, du magistral Festen de Thomas Vinterberg au boulevardier Le Jeu de Fred Cavayé. Reste que la mécanique d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau tourne un peu en rond. Les réalisateurs n’évitent ni les lieux communs, ni le cynisme gratuit, ni les redondances dans une histoire qui peine s’installer sur la durée. Le film n’en demeure pas moins singulier et ambitieux.
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