Le 28 octobre 2020
La petite histoire dans la grande est portée par une solide mise en scène, mais tout de même un peu trop manichéenne.


- Réalisateur : André Cayatte
- Acteurs : Charles Aznavour, Nicole Courcel, Georges Rivière, Michel Etcheverry, Albert Rémy, Georges Chamarat, Cordula Trantow
- Genre : Noir et blanc
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Durée : 2h00mn
- Date de sortie : 4 novembre 1960
- Festival : Festival de Venise 1960

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Résumé : Paris, septembre 1939 : Roger Perrin (Charles Aznavour), boulanger pâtissier, mène une morne existence dans les sous-sols de l’entreprise familiale, coincé entre son beau-père philosophe (Georges Chamarat), sa belle-mère revêche et envahissante, et Alice, son épouse bien disciplinée (Betty Schneider). Il va bientôt être appelé sous les drapeaux. Jean (Georges Rivière) est un journaliste très en vogue au journal "L’espoir". Il décide de s’engager, alors qu’on lui propose le poste de rédacteur en chef. Cette décision ne passe pas inaperçue aux yeux de Florence, l’assistante du directeur (Nicole Courcel). Les deux hommes vont se rencontrer après la débâcle, quand ils seront conduits en Allemagne avec de nombreux autres militaires, pour y travailler.
Critique : André Cayatte, spécialiste des films dit "à thèse", s’associe ici à trois scénaristes pour en écrire le script de ce long métrage : Maurice Aubergé, Armand Jammot et Pascal Jardin. Si le thème sort un peu de son univers habituel, pour nous raconter la vie de deux Français durant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve quand même ses préoccupations comme la liberté, la loyauté ou encore le sens du sacrifice, le tout avec un manichéisme marqué.
Rien ne prédestinait Roger et Jean à se rencontrer : le premier est un manuel, simple et docile, alors que le second est un intellectuel politiquement engagé et sûr de lui... tout au moins au début ! Roger, qui n’avait jamais quitté son arrondissement parisien, va s’ouvrir au monde quand il sera envoyé en Allemagne pour travailler. Jean, qui a déjà beaucoup bourlingué et subi le même sort, ne pense qu’à s’évader, quitte à mettre tout le monde dans l’embarras : une jeune Allemande qui ne cherche qu’à l’aider et ses compagnons de chambrée, lesquels seront accusés de complicité.
Ainsi, le récit nous fait suivre les destins diamétralement opposés de ces deux amis de circonstance, le premier qui observe, s’adapte et finalement trouve un vrai sens à sa vie, quand le second, figé dans ses convictions, fonce tête baissée quel qu’en soit le prix.
Même s’il est victime de sa mécanique un peu trop voyante, le film se suit sans déplaisir, et si Georges Rivière n’est que très moyennement convaincant en héros de la France Libre, Charles Aznavour est désarmant de simplicité et de bienveillance, et Nicole Courcel réussit à émouvoir dans sa détresse, alors que son personnage aux dents longues a passé la guerre à pactiser avec l’occupant.
On retrouve aussi avec plaisir un certain nombre de seconds rôles de l’époque. Parmi eux, Georges Chamarat en boulanger compatissant, Albert Rémy en voisin de chambrée sensible, ou encore Michel Etcheverry en journaliste intègre.
Le passage du Rhin représente une certaine idée du cinéma de qualité, qui sera mise à mal par les jeunes critiques des Cahiers, puis cinéastes de la Nouvelle Vague.
Le long métrage remporta le Lion d’Or à la Mostra de Venise 1960.