Le mythe Philippe Séguin - émission

Critique : Rediffusion d’une émission consacrée au premier président de la Cour des comptes, de 2004 à 2010. Le documentaire d’un quart d’heure de Pierre Bonte-Joseph revient de manière rapide sur la carrière de l’ancien président de l’Assemblée nationale, de sa première campagne pour la députation dans les Vosges, en 1978, jusqu’à sa mort en 2010, en passant bien sûr par sa fonction de ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Jacques Chirac, en 1986, à une époque où le libéralisme est triomphant, la campagne victorieuse aux élections présidentielles de 1995 (c’est Séguin qui soufflera au candidat RPR l’expression de la "fracture sociale"), sans oublier le combat contre le traité de Maastricht, en 1992, qui engendra le débat avec le président Mitterrand, arbitré par Guillaume Durand. Le reportage permet d’exhumer des écrits conservés aux Archives nationales, où les corrections manuscrites abondent. C’est la partie la plus intéressante de ce digest. L’idée d’un travailleur acharné au service de l’idée républicaine fait nettement son chemin, que corroborent les différents intervenants, même s’ils ne sont pas nombreux. On aurait évidemment aimé un documentaire plus substantiel.
Le film est suivi d’un entretien avec le sénateur Roger Karoutchi, proche collaborateur de Philippe Séguin, qui livre son sentiment et parle volontiers d’un "intellectuel" égaré dans le monde politique, constamment "inquiet", volontiers "Cassandre", pas fondamentalement optimiste. Il revient également sur les fondements biographiques de son engagement politique, son intransigeance sur ce qu’il appelle "les valeurs fondamentales", son caractère "méditerranéen", ainsi que sa position sur l’Europe.