Corde cassée
Le 25 septembre 2011
Un joyau du fantastique signé par un cinéaste important et méconnu : Kiyohiko Ushihara.
- Réalisateur : Kiyohiko Ushihara
- Acteurs : Tokusaburô Arashi, Shinpachiro Asaka, Yaeko Asano , Mitsuko Mori, Hiroko Takayama, Kinue Utagawa, Shizuko Mori, Sumiko Suzuki
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h10mn
- Titre original : 怪猫謎の三味線 - kaibyô nazo no shamisen
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Le Cinéma japonais au surnaturel : les spectres de la Japan Horror
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– Sortie au Japon : 3 novembre 1938
Un joyau du fantastique signé par un cinéaste important et méconnu : Kiyohiko Ushihara.
L’argument : Pour une affaire de rivalité amoureuse autour d’un professeur de shamisen, une jeune fille de samouraï est assassinée par sa concurrente. Le bien le plus précieux de la jeune défunte, le shamisen recouvert de la peau du chat du professeur, va revenir hanter la meurtrière...
Notre avis : Kiyohiko Ushihara (1897-1985) réalisa une trentaine de films à partir de 1921, dont Aa mujō (1923), d’après Les misérables de Victor Hugo et Shingun (1930), avec Kinuyo Tanaka et Denmei Suzuki. Mais il fut aussi co-rédacteur en chef, aux côtés de Minoru Murata (Âmes sur la route, 1921) de la revue Eiga kagaku kenkyū et se consacra à l’enseignement du cinéma après avoir tourné Nijiotoko en 1949.
kaibyô nazo no shamisen, son avant-dernière réalisation relève d’un genre populaire, le fantastique, mais c’est à l’évidence un film porté par de hautes ambitions artistiques. Pourtant c’est la simplicité quasi minimalisme de son exécution qui lui confèrent sa force suggestive et son charme.
S’il recourt par moments à des effets rappelant l’avant-garde des années 20 (l’actrice obsédée par l’image démultipliée de sa victime tournant vertigineusement autour d’elle) c’est par la soustraction plutôt que par l’accumulation d’effets que le cinéaste parvient à installer une atmosphère doucement étrange et inquiétante qui n’est pas sans faire penser à celle des films ultérieurs de Jacques Tourneur.
Car surnaturel et monde réel cohabitent ici sans que l’on perçoive une solution de continuité au moment du passage de l’un à l’autre. Dès les premières scènes règne une impression de flottement, de discontinuité, d’univers troué dans les interstices duquel les apparitions fantomatiques ne surprendront qu’à peine.
Aucune dramatisation spectaculaire n’est d’ailleurs nécessaire lorsque les fantômes entrent en scène, signalés par de toutes petites perturbations dans l’ordre des choses : un miaulement de chat, une corde de shamisen qui casse, une lampe qui s’éteint et qu’il faut rallumer.
L’’accomplissement de la vengeance post mortem de la jeune femme assassinée est intégré à une représentation de kabuki où se produit la meurtrière, musicienne de renom donnant sa tournée d’adieu. La séquence, extraordinaire, est filmée sur un mode quasi documentaire et presque en temps réel (un bon quart d’heure), le cinéaste faisant semblant d’oublier l’action pour s’abandonner au spectacle théâtral mais ne cessant d’y revenir par la bande.
Projeté à la MCJP dans le cadre du cycle J-Horror, ce film rarissime et méconnu est une révélation. Il donne très envie de redécouvrir l’oeuvre de Kiyohiko Ushihara, ou du moins le peu qui doit en subsister.
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