Le 31 décembre 2023
Martin Rueff a réuni trois cent quinze lettres du romancier italien. Des échanges épistolaires s’échelonnant entre 1940, alors qu’il est encore un adolescent, jusqu’à l’année de sa mort, en 1985. Une très belle occasion de découvrir l’auteur qui ne souhaitait pas que l’on s’intéresse à l’homme caché derrière un livre, mais uniquement aux textes.
- Auteur : Italo Calvino
- Collection : Du monde entier
- Editeur : Gallimard
- Genre : Correspondance
- Nationalité : Française
- Traducteur : Christophe Mileschi, Martin Rueff
- Date de sortie : 5 octobre 2023
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : « Le métier d’écrire, correspondance (1940-1985) » regroupe une partie des lettres que Italo Calvino échangea avec sa famille, ses collègues écrivains, essayistes, éditeurs, journalistes, artistes et avec d’autres personnes. Il parle de son quotidien mais aussi et surtout de sa vision de la littérature, de ce qu’il voulait faire avec ses écrits et de son regard sur le monde.
Critique : Une correspondance peut inquiéter. On peut aimer un auteur, mais plonger dans sa vie, lever le rideau sur l’envers du décor, ce n’est pas pareil. Cette immersion peut révéler un personnage auquel on s’attachera moins ou des échanges du quotidien qui ne nous intéressent pas vraiment.
Or, avec Calvino, il n’en est rien. Certes, nous découvrons la vie du célèbre écrivain, ses échanges avec son père pour demander de l’argent lors de ses études supérieures à Turin, avec ses amis pour se donner des nouvelles. Mais très vite arrivent l’écriture et les commentaires sur les articles des uns et des autres. Les lettres personnelles côtoient des avis et des analyses sur la littérature italienne, l’envie d’écrire, de travailler pour les journaux.
L’ouvrage nous permet de suivre Italo Calvino dans sa vie professionnelle, à travers des études d’agronomie, des articles journalistiques, des prix littéraires, un poste dans une maison d’édition et, du coup, son regard sur les livres qu’on lui soumet et sur les siens, quand il échange avec des critiques attentifs à ses œuvres.
Le portrait d’un homme s’esquisse, qui a mené une réflexion profonde et précise sur le rôle de la littérature, la place de l’auteur. Calvino est une personne cultivée : il peut parler des fables traditionnelles italiennes, comme d’Ernest Hemingway ou des écoles littéraires du vingtième siècle, entre autres.
En parallèle, il y a la personne de cœur, l’ami du célèbre auteur Cesare Pavese que Calvino voyait comme un mentor et dont le suicide le marquera à jamais. Il travaillera des années à rééditer ses textes.
L’écrivain prend aussi le temps de répondre aux écoliers qui lui écrivent sur Le baron perché ou Le vicomte pourfendu, ainsi qu’aux thésards qui rédigent des mémoires sur son œuvre.
Et il ne faut pas oublier le Calvino politique, communiste dans l’âme. Ce dernier défendra le PCI et se sentira trahi par lui quand ce dernier ne prendra plus fait et cause pour le peuple et la classe ouvrière.
Italo Calvino écrit des lettres courtes ou longues, aux tonalités variées, parfois pleines d’humour. Il produit des analyses critiques précises, réfléchit et partage régulièrement le fruit de ses impressions, sans filtre.
Toutes ces facettes de l’écrivain s’incarnent dans cette correspondance, qui embrasse une existence, celle d’un jeune homme, puis d’un adulte, d’un mari, d’un père. L’amour de la littérature est là, mais Calvino mène une lutte incessante contre le temps, celui qu’il lui faut pour travailler, gagner de l’argent, celui dont il a aussi besoin pour écrire, apprendre. Une vie ne suffit pas et les dernières lettres, où il évoque des projets à venir et que la mort l’empêchera de mener à terme, sont assurément touchantes.
Aucune d’entre elles ne laisse présager le sentiment de la disparition. Calvino parle comme si son chemin allait se poursuivre, jusqu’à la dernière ligne. Et cette conclusion nous ramène à notre condition d’être humain. On court après le temps pour réaliser ce qui semble important -la famille, le travail, la création artistique- et l’on oublie par moment que celui-ci est compté.
Le métier d’écrire, correspondance (1940-1985) nous révèle une passionnante vision de l’écriture et du monde à travers des lettres drôles, sérieuses, concises ou fleuves.
800 pages – 30€
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