Le 25 avril 2019
Sur le modèle de la « chronoscopie » qui, espérait-on alors, allait pouvoir nous faire remonter le temps, Fleur Hopkins, chercheure associée au département sciences et techniques de la Bibliothèque nationale de France, nous plonge un siècle plus tôt, en consacrant à ces mille et une innovations technologiques de la révolution industrielle une exposition sur l’imagination scientifique de gens de lettres français, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Une exposition dense et érudite qui aiguille la curiosité.
- Salle d'exposition / Musée : Bibliothèque nationale de France - François-Mitterrand
- Plus d'informations : Le Merveilleux-Scientifique à la bibliothèque François Mitterrand
L'a vu
Veut le voir
- spip-bandeau
- Gustave Le Rouge, Le prisonnier de la planète Mars, couverture d’Henri Thiriet, « Le Roman d’Aventures », n° 4, Paris : Albert Méricant, 1908 BnF, Littérature et art © Collection privée
Ceci n’est pas de la science fiction… La commissaire de l’exposition peine à convaincre que cette nébuleuse d’auteurs - André Couvreur, Théo Varlet, Gustave le Rouge, Octave Béliard, Léon Groc, … -, qui aurait trempé dans ce merveilleux scientifique, estimaient ne pas relever de la science fiction, en prétextant que le terme ne serait pas encore apparu ou que les Français auraient devancé les Américains, qui lanceront le mot, participant à la structuration de ce nouveau genre littéraire. A certains égards, Guy de Maupassant, H.G. Wells ou Robert Louis Stevenson leur avaient ouvert la voie. Par ailleurs, l’empressement de Maurice Renard, fondateur de ce merveilleux scientifique, à se démarquer de Jules Verne est suspect.
- Clément Vautel, La machine à fabriquer des rêves, couverture de Fred Browne, « Idéal-Bibliothèque », Paris : Pierre Lafitte et Cie, [1909] 1923 © Collection privée
N’empêche, l’essentiel n’est pas là. La créativité des romanciers de cette pépinière s’insinue dans ces découvertes contemporaines de la révolution industrielle jusqu’aux premiers progrès décisifs de la médecine, ainsi que dans leur capacité à transposer les promesses de la technologie émergente, dans des contextes de la vie ordinaire. Ces horizons imaginaires mis à jour par les sciences et techniques de l’époque constituent des moyens de vulgarisation scientifique et redéfinissent les rapports entre sciences, pseudo-sciences, para-sciences, surnaturel et occulte. Ils interrogeaient l’avenir et nourrissaient romans d’anticipation et d’aventure, romans policiers, contes, feuilletons, … sur des fondements qui pouvaient alors passer pour possibles. C’est ainsi que, pour certains d’entre eux, les auteurs de ce mouvement du merveilleux scientifique font du rationalisme à la fois une source inédite d’inspiration et une source d’interrogation quant à la responsabilité éthique des savants ou aux enjeux bio-éthiques du progrès scientifique, dont on a ensuite compris les funestes conséquences dans leurs usages à des fins totalitaires. Le rationalisme alors ne connaît pas de limites évidentes et, à certains égards, à défaut d’avoir son propre catalogue, cette exposition poursuit celle que la Maison Européenne de la Photographie avait intitulé Le Troisième Œil, sur la photographie et l’occulte, en 2004-2005, et que l’ouvrage qui l’accompagnait alors introduisait en ces termes : « Qu’on ne s’attende pas à trouver dans ce livre une quelconque défense ou condamnation de l’occultisme. La traditionnelle question de savoir s’il faut y croire ou non nous a semblé devoir, au contraire, être au plus vite écartée. » L’ouvrage présentait alors Frédérick Hudson, « photographe du merveilleux », précurseur dans la photographie spirite en Europe. Le visiteur de l’exposition Le merveilleux-scientifique ne peut ainsi que constater ce difficile tracé des frontières entre ces champs du merveilleux, du scientifique, du surnaturel dans un contexte de spécialisation des disciplines scientifiques.
- Maurice Leblanc, Les trois yeux, illustré par Manuel Orazi, in Je sais tout, n°164, 15 juillet 1919,p.127 BnF, Littérature et art © Collection privée
L’intérêt de Pierre Curie, de Camille Flammarion et d’autres pour les mystères surnaturels démontre qu’il n’y a pas de séparation évidente et flagrante entre ces domaines du savoir et de la culture. Cette exposition très dense et documentée prolonge remarquablement les ouvrages rares publiés par BNF éditions dans la collection Les Orpailleurs.
Bibliothèque François Mitterrand, Quai François Mauriac, 75706 Paris Cedex 13
Allée Julien Cain, entrée libre, du 23 avril 2019 au 25 août 2019
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi :
9h00 - 20h00
Dimanche :
13h00 - 19h00
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.