Civet finlandais
Le 21 décembre 2006
Un éloge parfaitement loufoque du droit à la différence.
- Auteur : Arto Paasilina
- Editeur : Denoël
- Traducteur : Anne Colin du Terrail
– Regards croisés : Le lièvre de Vatanen, le film de Marc Rivière
Un éloge parfaitement loufoque du droit à la différence.
De l’auteur, ce n’est pas le style qu’on retiendra. Disons pour être aimable (et pour paraphraser le philosophe Alain parlant de Simone Weil) qu’il manie sa plume avec l’aisance d’un terrassier armé de sa pioche. Cependant, la faconde et l’imagination du Finlandais sont telles qu’on en oublie vite ce fâcheux travers. Né en Laponie, romancier à succès traduit dans le monde entier, l’ami Paasilinna excelle dans un genre qui lui sied comme un gant : le conte drolatique.
Les vastes étendues de son pays natal (il fut autrefois bûcheron et ouvrier agricole, c’est dire s’il connaît le sujet comme sa poche) sont le théâtre encore sauvage où surgissent des figures hors norme, joyeusement fêlées du bocal, auxquelles vont arriver des aventures aussi farfelues et saugrenues que rocambolesques. Une constante dans cette œuvre : ses personnages ont la bougeotte. Il s’agit d’échapper à la civilisation, mère de tous les maux et entrave à la liberté. Ainsi en va-t-il par exemple des vicissitudes des naufragés de Prisonniers du paradis ou des inoubliables tribulations d’un vieil amnésique (La cavale du géomètre).
Dans ce registre, le journaliste Vatanen détient le pompon lorsque, sans même le décider, il se trouve entraîné à fuir une existence bien rangée et fâcheusement ennuyeuse en compagnie d’un charmant petit lièvre. Quand la vie vous gêne aux entournures, il faut savoir prendre le large, quitte à être mêlé à des catastrophes à grande échelle ! Ce qui évidemment ne manquera pas d’arriver à notre naïf héros, Paasilinna n’ayant jamais peur de l’exagération. Dans le froid glacial de l’hiver polaire, il fait péter les convenances pour nous inviter à une robinsonnade hilarante, gentiment écologique et parfaitement anticonformiste. Avec un leitmotiv qu’on reprend volontiers en chœur avec lui, celui du droit à la différence.
Arto Paasilina, Le lièvre de Vatanen (traduit du finnois par Anne Colin du Terrail), Denoël, 2006 (réédition), 192 pages, 14 € (disponible également en Folio, 4,90 €)
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zoe 15 octobre 2009
Le lièvre de Vatanen
Le personnage principal, Vatanen est bien sympathique et on le suit avec plaisir dans ses aventures tous terrains avec son fidèle compagnon qui crotte dans les assiettes de potage.
Le livre regorge de scènes amusantes : un pasteur qui tire au mauser dans une église, un ours qui presse un tube de jus de tomate...
Extrait :
« L’ours se mit à lécher le mur au pied du lit de Vatanen.
C’est alors qu’il remarqua Vatanen. Stupéfait, il examina l’homme avec prudence et curiosité. La respiration tiède et humide de l’ours réchauffait le visage de Vatanen, l’ours renifla en sentant le souffle de Vatanen, prit l’homme entre ses pattes et secoua un peu Vatanen laissa mollement aller, cherchant à paraître inanimé.
L’ours étudiait l’homme serré contre lui, on aurait dit un gnome qui aurait trouvé une poupée et n’aurait pas bien su qu’en faire.. »
Vatanen, sauf exception, trouve souvent des gens compréhensifs, si bien que Le lièvre de Vatanen est un bon petit roman malicieux qui plaira à tout le monde.
Voir en ligne : arto passilinna