Le 26 mars 2024
Manigances, tromperies, cruauté et empoisonnements s’invitent à la cour d’Angleterre pour le pire et sans doute pour le meilleur, à travers la sixième épouse du Roi Henry qui voudrait faire advenir la paix entre les communautés de son pays. Une œuvre puissante qui rappelle à chacun le devoir et l’exigence de la liberté.
- Réalisateur : Karim Aïnouz
- Acteurs : Jude Law, Sam Riley, Eddie Marsan, Alicia Vikander, Simon Russell Beale, Amr Waked, Erin Doherty
- Genre : Drame, Biopic, Thriller, Historique, Drame historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 2h00mn
- Titre original : Firebrand
- Date de sortie : 27 mars 2024
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : Catherine Parr fut la dernière épouse de l’ogre Henry VIII et l’une des seules à lui avoir survécu.
Critique : Catherine est la dernière des reines qui n’a pas fini congédiée par son horrible mari, le roi Henry VIII. L’homme est colérique, cruel. Il fait régner sur l’Angleterre un climat de terreur, emprunt de conservatisme religieux et de paranoïa. Le monarque est malade, presque en fin de vie, mais jusqu’au bout, il lutte pour maintenir son pouvoir. La reine, elle, est déterminée à faire advenir la liberté et le droit pour son peuple de pratiquer une religion ouverte et tolérante. Mais ce combat dangereux qu’elle mène la contraint à bien des renoncements, et surtout une violence sans égal par son despote de mari.
- © Courtesy of Brouhaha Entertainment
Le Jeu de la reine arrive sur les écrans dans un contexte de mise sur le débat public, de la question des violences commises contre les femmes. Ce que subit Catherine et ses enfants ressemble peut-être au pire de ce qui peut se passer dans l’intimité de la barbarie des hommes. Elle est soumise à des intimidations permanentes, des humiliations, et surtout des violences sexuelles d’une extrême force. Elle a bien quelques alliés pour se protéger, mais la cour est cruelle, prête à tout pour parvenir à faire plaisir au roi.
Karim Aïnouz s’essaye à un genre auquel il nous a peu habitué : le récit historique. Toutefois, il ne s’agit pas d’un simple témoignage d’hier. La lutte que mène Catherine, quasiment seule contre tous, ressemble à bien des combats que des femmes meurtries engagent, au nom de leur liberté, de leur émancipation et de leur intégrité physique et psychologique. De même, les questions religieuses qui sont posées par le récit sont les mêmes aujourd’hui, certaines tentant de faire régner la terreur ou d’autres d’imposer leur domination. Il s’agit donc d’un film extrêmement moderne que Karim Aïnouz aurait pu faciliter transposer dans un décor actuel.
- Copyright Brouhaha Entertainment
Le réalisateur prend un vrai plaisir à conduire cette histoire. Les costumes, la photographie, la musique et évidemment les décors sont très soignés. Même les dialogues démontrent un travail d’écriture important où chaque mot, chaque souffle sont pesés. Le cinéaste crée un cinéma d’aventure où le spectateur est littéralement emporté d’un bout à l’autre. Le rythme, le suspense et les rebondissements constituent, en plus de la force historique du propos, un véritable moment de plaisir.
Le Jeu de la reine bénéficie de toutes les qualités d’un spectacle de cinéma. D’abord, les comédiens sont très investis, donnant à leur personnage une épaisseur romanesque indéniable. Ensuite, on ne s’ennuie jamais, et les dialogues vifs, haletants, sont d’une redoutable efficacité. On n’est peut-être pas loin d’un certain cinéma commercial, assez éloigné de ce que Karim Aïnouz a pu déjà produire, mais le résultat est là : un film stimulant, moderne et jouissif.
– Festival de Cannes 2023 : Sélection officielle, en compétition
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