Le 19 octobre 2019

- Compositeurs : Arthur Honneger, Louis Durey, Germaine Tailleferre, Francis Poulenc, Darius Milhaud
- Genre : Spectacle musical / Comédie musicale

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En 1917, à Paris, autour d’un concert de Satie, se forme une jeune alliance de compositeurs talentueux : Louis Durey, Georges Auric, Arthur Honneger, auxquels se joindront quelque temps après Germaine Tailleferre, Francis Poulenc et Darius Milhaud.
En réalité, c’est en 1920 que cette alliance devient le Groupe des Six, sans vraiment que ses membres ne soient au courant. Ils n’avaient, au fond, fait que jouer ensemble le répertoire de cinq compositeurs russes, Moussorgski, Rimmsky-Korskakov, Borodine, César Cui et Balakirev, appelés autrefois le Groupe des Cinq. La comparaison fut toute trouvée.
L’Orchestre philharmonique de Radio France leur a rendu hommage la semaine dernière, et leur talent fit rayonner le bel auditorium. Un patchwork d’influences magnifique, emmené par des musiciens d’une maîtrise époustouflante.
Notre avis : Ces deux concerts des 9 et 12 octobre derniers, au cœur de l’auditorium de Radio France, ont emporté avec raison l’admiration du public, se brûlant les mains de joie d’avoir passé un si bon moment.
Car, en effet, il fut difficile de rester de marbre devant des morceaux d’une telle richesse, et surtout joués avec tant de maîtrise. Le premier soir, principalement, fut consacré à une grande pianiste, Maroussia Gentet, captivante en soliste, une fois accompagnée d’un orchestre flamboyant - les cors en particulier furent exceptionnels -, l’autre observée de ceux-ci, habitée par la puissance de son final. Ce soir-là, fut aussi à signaler un très beau duo hautbois et piano, aux influences presque jazzy, si l’anachronisme est permis.
La suite symphonique de Georges Auric, clôturant le concert, fut l’unique petite déception de cette belle semaine musicale, l’orchestre s’essoufflant doucement sous la masse des effets de style.
Le samedi soir ne déçut pas un instant. Cette fois à l’honneur d’un altiste très talentueux, Antoine Tamestit, ainsi qu’à une cantatrice américaine au charisme fou, Lauren Michelle, ce concert ne souffrit d’aucune fausse note. L’alto justement, d’abord, mélancolique, presque humain, toucha au plus près du coeur. L’après-entracte, réservé au compositeur Francis Poulenc, fut d’une grande brillance : on pense à cette complainte de clarinette réjouissante, et cet impressionnant Gloria emporté par le choeur de Radio France, ainsi que cette soprano soliste à la voix surprenante. Et quel bonheur de voir son regard concentré et défiant, virer au sourire éblouissant lorsque le public, debout, applaudit longuement une série de concerts décidément très réussie.