Le 12 août 2019


- Scénariste : David Soares>
- Dessinateur : Pedro Nora
- Collection : Collection Amphigouri
- Genre : Biographie
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 1er mars 2003
Quand un symbole de la Beat Generation devient un personnage de BD. Une réussite de plus à mettre à l’actif de l’audacieux éditeur qu’est Frémok.
Frémok est une pépinière d’explorateurs. Dans l’univers de l’édition de bandes dessinées francophones, elle est peut-être la plus audacieuse. Les liens qu’elle tisse entre le 9e art et les autres se font de plus en plus denses, au fur et à mesure de ses publications. Parmi ses dernières livraisons, Mr Burroughs, de David Soares et Pedro Nora, invite le lecteur à une aventure graphique plutôt rare.
Des dessins mouchetés, comme une écriture sèche. Une plume qui bave son encre noire, des cases comme salies par négligence. Des traits anguleux qui dessinent des caractères, plus que des visages. Une succession de lignes brisées qui traduisent une tension, plus qu’un récit. Et quand vient l’hommage au faciès, le dessin harmonieux ou fidèle, c’est à celui de l’animal, et non de l’homme qu’il est rendu. Plus que l’histoire d’un homme, l’étonnant Mr Burroughs est celle d’une passion, d’un doute, d’une recherche. D’une atmosphère plus que d’un héros. C’est une expérience, née d’une autre expérience, littéraire celle-ci, dont les pères furent jadis Kerouac, Ginsberg. Et Burroughs.
Mr Burroughs peint. Mr Burroughs enseigne. Mr Burroughs écrit. Mr Burroughs a de vrais amis. Un jour, au volant de sa voiture, Mr Burroughs évite une autruche de justesse. C’est l’accident grave. Quand il sort du coma, ses amis sont toujours là. Mais d’étranges événements commencent. Par la poste, il reçoit des morceaux de son corps, des organes même. Une dent, un rein...
David Soares ne cherche pas d’explications. Il livre les informations brutes. Dans Mr Burroughs, la source de la création se confond avec l’épreuve. "Tout ce que tu touches se transforme en toi-même." La transcription, très sombre, de Pedro Nora, est impressionnante. Toute forme d’analyse, de raison, est laissée à l’écart. On retrouve ce décor qui a tant séduit Cronenberg pour The Naked Lunch, dont il est souvent question ici. Peut-être parce que vouloir comprendre, ou expliquer, les origines de l’imaginaire, souvent mitoyennes de celles de la folie, est un jeu dangereux. Mr Burroughs, c’est donc un peu de la beat BD.
56 pages - 14 €