Le 16 décembre 2015
Un thriller socio-politique mou qui s’égare dans ses propos nébuleux.
- Réalisateur : Nicolas Pariser
- Acteurs : André Dussollier, Bernard Verley, Melvil Poupaud, Antoine Chappey, Nathalie Richard, Clémence Poésy, Sophie Cattani, Thomas Chabrol, François Marthouret, Audrey Bastien, Guillaume Verdier, Nicolas Wanczycki
- Genre : Thriller, Espionnage
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h39 mn
- Date de sortie : 16 décembre 2015
Résumé : Pierre Blum, un écrivain de quarante ans qui a connu son heure de gloire au début des années 2000, rencontre, un soir, sur la terrasse d’un casino, un homme mystérieux, Joseph Paskin. Influent dans le monde politique, charismatique, manipulateur, il passe bientôt à Pierre une commande étrange qui le replongera dans un passé qu’il aurait préféré oublier et mettra sa vie en danger. Au milieu de ce tumulte, Pierre tombe amoureux de Laura, une jeune militante d’extrême gauche ; mais dans un monde où tout semble à double fond, À qui peut-on se fier ?
Critique : On devine le cinéaste Nicolas Pariser agité par la politique. Les titres de ses courts et moyens métrages sont déjà tout un programme : Le jour où Ségolène a gagné, La République... Pariser poursuit donc son introspection politique avec un long cette fois. Déception. Le Grand jeu, thriller, sur la manipulation politique, ne se révèle au final que du petit cinéma. Le film aimerait dénoncer, inciter à la révolte. Or il n’arrive pas à s’imposer comme pamphlet sociopolitique, contrairement à ses alter ego américains à la mode. La faute à une avalanche de clichés (l’homme d’affaires mystérieux proche du pouvoir, des extrémistes de gauche vivant à la ferme) et de discours fleuves alourdissant le propos déjà confus au départ et qui au final nuit complètement au peu de rythme insufflé à l’intrigue.
- © Bac Films
Que voudrait nous dire Pariser ? Que l’extrême gauche d’aujourd’hui n’est qu’un ramassis de doux rêveurs ? Que les idéologies d’antan ont sombré ? Le film ne donne aucune réponse. À aucun moment Pariser ne nous laisse percer ses intentions, laissant son discours baigner dans des propos nébuleux.
Melvil Poupaud, André Dussolier et Clémence Poésy, qui accomplissent par ailleurs une excellente prestation, ne peuvent pallier, hélas, les insuffisances du scénario pour animer ce film. Aussi, il faut attendre une bonne heure un quart pour qu’une courte poursuite peu haletante survienne pour ajouter aux peines de l’entreprise. On se dit alors que n’est pas le Rohmer de Triple agent ou le Chabrol de Nada qui veut.
- © Bac Films
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Jean-Luc Bernet 2 novembre 2017
Le grand jeu - la critique du film
À propos du film « le Grand Jeu »
Je ne suis qu’un simple spectateur, peut-être rendu plus critique par l’âge -et au cas présent, par mon propre engagement politique de toujours, qui m’avait fait accueillir avec sympathie le projet que ce film se proposait apparemment de développer.
Je me permets de saluer la lucidité de votre regard, qui tranche avec les louanges quasi unanimes que je viens de lire avec stupéfaction sur le site « Allociné ». Je n’aurais pas employé d’autres mots que les vôtres pour dire tout le mal que je pense de cet ouvrage : cousu de fil blanc, parsemé d’incohérences, meublé de dialogues interminables et abscons (c’est aussi votre mot, il est approprié), bâti sur des clichés que le Godard de « la Chinoise » n’aurait pas récusés, vaguement inspiré d’au moins deux affaires lamentables mais pas vraiment représentatives du « vrai » monde politique -quoi qu’en pensent les gogos et autres complotistes.
Bref un film parfaitement inutile qui n’apporte rien, qui ne tient aucune de ses promesses. Détail qui n’est pas insignifiant en ce mois de novembre supposé « sans tabac » : la manie des acteurs (donc du réalisateur) de cloper à tout bout de champ, qui n’apporte rien sinon de venir à contre-courant de la tendance -pourtant salutaire- de combattre au moins par l’image, en l’excluant du jeu des acteurs, ce fléau qui nous vaut 75 000 morts par an.
Décidément, rien ne sauve ce soi-disant « thriller politique haletant », même pas la petite étincelle (trop brève pour apporter quoi que ce soit) qu’est l’allusion « en passant » à l’ethnologue Pierre Clastres, penseur majeur trop tôt ravi à notre affection. Cet infime grain de poivre ne suffit pas à relever l’ensemble du plat.
Jean-Luc Bernet