Le 26 mai 2024
- Scénariste : Philippe Pelaez>
- Dessinateur : Espé
- Coloriste : Florent Daniel
- Genre : comédie
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 2 mai 2024
Philippe Pelaez écrit cette histoire où il se projette dans Pilou. Il nous propose une fiction non autobiographique, mais dont les personnages sont des mélanges de gens qu’il a connus. Espé dessine avec talent ce récit mis en couleur par Florent Daniel. Une BD où l’appât du gain le dispute à la tendresse des années d’enfance.
Résumé : {Le gigot du dimanche} se déroule un dimanche de 1981, après l’élection de François Mitterrand comme président de la république. Le jeune Pilou est à table au repas de famille dominical. Ses parents, oncles et tantes, cousins, grand-mère sont réunis autour de son arrière-grand-mère qui a préparé le gigot. Mais si la famille est là, c’est pour une autre raison. À part Pilou, tous se demandent où Mémé a caché ses Louis d’or...
Critique : Retour en enfance avec une histoire bien menée ! Philippe Pelaez a créé le jeune Pilou à son image et porte un regard amusé sur cette famille plus décomposée que recomposée. Les oppositions politiques, les secrets pesants ou amusants, les remarques déplacées, le cousin blouson noir, l’oncle de droite, la mère de gauche, autant de situations et de caractères bien dépeints qui vont vous plaire. Cette famille qui s’aime et se déteste rejoue la même comédie à chaque repas chez l’arrière-grand-mère pour découvrir les Louis d’or. Le contexte qui place la gauche au pouvoir est bien présent, mais quel que soit le bord politique, tous s’unissent quand il s’agit de fouiller la maison pour trouver le trésor. L’humour fait presque oublier combien la cupidité est déplacée. En effet, aucun d‘eux ne peut attendre le décès de la vieille pour agir. Au milieu de tout cela, Pilou est le dernier innocent. Cette course ne l’intéresse pas, lui, ce qu’il aime, c’est passer du temps avec sa mémé, bien plus futée qu’elle ne le laisse paraître.
Philippe Pelaez nous rappelle l’ambiance des repas de famille tout autant que l’espoir et la peur immenses que la gauche avait emmené en arrivant au pouvoir. Une histoire qui touche les grands événements de la France, tout autant qu’elle zoome sur la vie quotidienne de Français moyen. Une BD que l’on a plaisir à lire car elle sait prendre le temps de s’arrêter, pour nous offrir quelques beaux moments de tendresse, de petites réflexions sur le temps qui passe, et sur ce lien fort qui unit Pilou à sa mémé.
- © Philippe Pelaez, Espé
Espé donne vie à toute cette famille, fort nombreuse, avec un dessin semi-réaliste maîtrisé. Les traits exagérés des personnages permettent d’accentuer encore plus les émotions, comme en témoigne la couverture. Les décors d’intérieur prennent le plus de place avant de s’ouvrir un peu vers l’extérieur, avec le jardin puis le village. Ils sont tracés avec la même rondeur que les personnages. Cette rondeur des souvenirs qui se retrouve dans les cases aux bords ronds, dessinés à main levée d’un trait bien vivant et donc jamais rectilignes.
Les couleurs de Florent Daniel plutôt douces, tirant vers les marrons et jaunes à l’intérieur, laissant passer le bleu du ciel et le vert des arbres en extérieur, contribuent à recréer une atmosphère ancienne, qui correspond bien aux souvenirs.
La composition nous offre des gros plans sur les visages, nous rapprochant des personnages, ainsi que des plans de pied où leur dynamisme et leur énergie débordent presque de la case. Entre le cousin Pierre prêt à en découdre avec tous ou Pilou tout heureux qui gagne au jeu dominical, cette BD nous offre des personnages qui expriment physiquement leurs émotions, pour notre plus grand plaisir.
Le gigot du dimanche est une madeleine de Proust renforcée d’un ressort de fiction donnant un mélange qui fonctionne très bien et nous donne de beaux moments drôles, tendres et cocasses.
72 pages – 16,90 €
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