J’ai dix ans...
Le 29 mars 2005
Dix ans après Le champ de personne, Daniel Picouly repart en voyage au pays de l’enfance : une quête qui fait rimer candeur avec bonheur.


- Editeur : Grasset, Daniel Picouly

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Si vous en avez marre de cet hiver qui n’en finit pas, que la morosité vous a envahi au point de teinter tout l’univers de gris, un seul remède : Le cœur à la craie. Pelotonné sous la couette, si la situation frôle la catastrophe ou tout simplement dans le bus ou le métro, le dernier roman de Daniel Picouly est de ceux qui remettent d’aplomb et vous file une "pêche" d’enfer, largement de quoi tenir jusqu’aux beaux jours.
En moins de temps qu’il ne faut pour le lire, Picouly nous télétransporte dans l’univers de son enfance : l’Est parisien des années 50. C’est à Villemomble plus exactement que le jeune narrateur fait ses classes. Et quand on a huit ans, neuf mois et dox-sept jours, on en a des choses à accomplir. La première : attraper un coup de foudre. Et ça urge, il ne lui reste plus qu’une journée s’il veut battre le record de son père, inégalé depuis vingt-huit ans. Pour ça, il compte sur son meilleur copain, Bonbec, celui "qui ressemble à une grosse bulle de chewing-gum rose coiffée en brosse" parce que lui, les "poules", ça le connaît : il embrasse la sienne tous les jours sous la passerelle... Mais ce n’est pas évident de tomber amoureux parce que la vie d’un gamin de neuf ans n’est pas de tout repos : entre Monsieur Brûlé, le maître d’école, les sages conseils de "M’am" qui résonnent dans sa tête, la collecte des vieux Match ou les pique-niques à Nogent, il y a de quoi faire.
Tel un Mistral Gagnant, ces fameux bonbons qui pétillaient dans la bouche, la plume de Daniel Picouly virevolte de portraits truculents en anecdotes fantaisistes, au gré de l’humeur, mais surtout de l’imagination de ce narrateur gouailleur. Impossible de résister aux jeux de langage qui émaillent les aventures de cet élève de septième. Qu’il s’agisse de la construction d’un vaisseau spatial ou d’une vendetta contre le médecin scolaire, Picouly transforme chaque épisode de son histoire en exercice de musculation pour les zygomatiques. Une chose est sûre, avec Le cœur à la craie, il a accompli ce que rêve de faire le môme de son histoire : trouver ce qui "peut bien être écrit dans [un] livre qui arrive à déplisser le front..."
Daniel Picouly, Le cœur à la craie, Grasset, 2005, 367 pages, 19 €