Un après-midi de chien
Le 1er juin 2021
Le premier film de Michael Cimino revient dans une version restaurée 2K de toute beauté. Une édition Blu-Ray Carlotta aux petits oignons par ailleurs agrémentée de suppléments de premier ordre.
- Réalisateur : Michael Cimino
- Acteurs : Clint Eastwood, George Kennedy, Jeff Bridges, Geoffrey Lewis, Catherine Bach, Gary Busey, Bill McKinney
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 10 juin 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Titre original : Thunderbolt and Lightfoot
- Date de sortie : 4 septembre 1974
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Le premier film de Michael Cimino revient dans une version restaurée 2K de toute beauté. Une édition Blu-Ray Carlotta aux petits oignons par ailleurs agrémentée de suppléments de premier ordre.
L’argument : Le braqueur de banque John Thunderbolt se lie d’amitié avec Lightfoot, un jeune aventurier. Ensemble, ils décident de récupérer un magot d’un demi-million de dollars que Thunderbolt avait planqué dans une vieille école. Mais celle-ci a été détruite...
Le film :
Michael Cimino n’a ni attendu Voyage au bout de l’enfer ni La Porte du paradis avant de devenir grand. Plus qu’un éternel hommage au cinéma de John Ford, Le Canardeur est une œuvre incontournable pour cinéphiles avertis.
La critique : ICI
Les suppléments :
Le Blu-ray comporte deux suppléments notables : un commentaire audio de Cimino himself - "Pour l’amour des personnages" - évoquant les prémices de son premier long métrage et sa rencontre décisive avec Eastwood ; puis une analyse du cinéaste et historien du cinéma Jean Douchet, "Ironie masquée". À noter aussi la présence sur la galette de la bande annonce originale.
"Pour l’amour des personnages", 29mn - Ce documentaire est l’occasion pour le cinéaste de passer en revue quelques truculentes anecdotes, mais aussi de digresser cinéma. Avant que Cimino ne commence le tournage du Canardeur, John Milius écrivait le scénario de Magnum Force, l’un des "Inspecteur Harry". Scénario qu’il n’achèvera finalement pas, préférant s’atteler à son premier film, Dillinger. C’est à ce moment que Cimino est contacté par Clint Eastwood pour finir le travail du futur scénariste d’Apocalypse Now. À cette époque, Cimino ignorait tout de ce genre de film. C’est sa productrice Joann Carelli qui l’a convaincu de le faire. Or, Magnum Force devient dès sa sortie le plus gros succès des "Inspecteur Harry". De fait, une collaboration avec Eastwood en tant que réalisateur sur Le Canardeur n’est bientôt plus qu’une formalité.
Au départ, Cimino a pensé Le Canardeur comme un film d’époque se déroulant en Irlande. Tout part d’une photo du capitaine Thunderbolt, donnée par sa productrice. Mais le réalisateur optera en définitive pour un métrage contemporain. D’où le titre original Thunderbolt & Lightfoot. Quant à Lightfoot, il s’agit d’un nom indien, or Cimino souhaitait à l’époque tourner un film sur les indiens d’Amérique.
Poursuivant au sujet de son approche du cinéma, le papa de Deerhunter souligne que le meilleur angle pour traiter un film est celui des personnages. On songe à Jean Renoir et son "tout le monde à ses raisons". Pour ce faire, le cinéaste veille dans un premier temps à trouver un nom à ses personnages, puis une histoire, pour ensuite commencer à les visualiser. Il n’y a alors plus qu’à les suivre, sans plan spécifique ni grandes lignes. La singularité versus l’artificiel. Dans le cas du Canardeur, l’histoire suit un homme qui vieillit et n’a plus envie de vivre, devenu par défaut pasteur dans une bourgade perdue. Puis débarque un homme allumé près de deux fois plus jeune que lui. Libre, ce dernier va lui rendre sa liberté et lui faire retrouver sa vigueur d’antan.
Décidé à régler ses comptes avec la Nouvelle Vague, Cimino rappelle que les actes des personnages ne sont pas autre chose que ce qu’ils sont, contrairement aux idées mises en évidence par les Godard et Resnais, dont les positions intellectuelles prévalent sur le reste. Le fan de John Wayne met ainsi en évidence le danger du cinéma d’idées, par opposition au cinéma des personnages. Exit la métaphore des concepts au profit d’une seule chose simple : la magie.
"Ironie masquée", 26mn - Dans une certaine mesure, cette analyse de Jean Douchet paraphrase certains points de l’enregistrement audio de Cimino. Le critique fait ainsi un parallèle entre le monde contemporain dépeint par Cimino et sa volonté d’en faire un western à la John Ford. La poussière des véhicules comme image de celle générée par le galop des chevaux, entre autres.
Heureusement, celui-ci trouve un axe : l’ironie, la volonté de Cimino de parler au travers du Canardeur de la guerre du Vietnam, des beatniks, de la croyance en la réussite, et de l’argent. Outre l’analogie au maître du western, Douchet pointe la symétrie et l’horizontalité des plans en tant que gardiens de la pensée puritaine. Image mentale qui régente celle de la nation. Le décorticage des séquences est bien vu. Mention spéciale pour le sous-texte révélant notamment le narcissisme du mâle hollywoodien, ou encore l’émergence du féminisme. Prêtant au cinéma de Cimino un désir de remise en question de la super-virilité, l’historien aborde les dérives érotiques du Canardeur avec pertinence. Façon de montrer que le film se veut aussi le portrait du refoulé d’une réalité voilée sous la glorification de la grande Amérique. Exit l’Amérique des pères fondateurs et place à une société en constante recherche d’argent, où même les enfants on déjà intégré la logique du système capitaliste. Où le client est roi, et la banque son rêve et moteur. Ne reste plus au bout du compte que la nuit sombre et la mort, celle des films noirs. Loin du mythe de la réussite individuelle.
L’image :
Ici, le nouveau master arbore un 1080/23.98p encodage AVC. La version restaurée 2K est stupéfiante et magnifie les impressionnants cadrages en CinémaScope de Cimino, notamment en matière de profondeur de champ. Les reflets bleutés et teintes en contre-jour rappellent plus que jamais les grandes heures des John Ford et Sam Peckinpah. À noter que pour avoir un aperçu du travail de fourmi accompli par les équipes chargées de la remasterisation de ce bijou, il suffit de jeter un œil sur la bande-annonce originale. L’étalonnage est désormais à la fois plus lumineux et contrasté, sans pour autant renier le grain d’origine si particulier du Nouvel Hollywood. Petit détail qui fait néanmoins toute la différence, s’agissant du menu du Blu-Ray : le visuel qui la joue à la Saul Bass. Pas désagréable.
Le son :
Le master audio passe en DTS-HD 1.0. En dépit de la limitation du nombre de canaux, le résultat est très satisfaisant et presque à la hauteur des efforts consentis sur l’image.
– Sortie du blu-ray : 19 novembre 2014
Galerie Photos
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