Le 5 mars 2016
Avant dernier film de Cimino, Desperate Hours est une mise en abyme du réalisateur et de son parcours tumultueux à Hollywood. Entre huis clos oppressant et western libérateur, un film qui dévie de sa route et fascine constamment.
- Réalisateur : Michael Cimino
- Acteurs : Anthony Hopkins, Mickey Rourke, Mimi Rogers
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Desperate Hours
- Date de sortie : 9 janvier 1991
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Sortie DVD,blu-ray et VOD : le 9 mars 2016
Disponible le 9 mars 2016 en édition blu-ray simple et collector numérotée
Avant dernier film de Cimino, Desperate Hours est une mise en abyme du réalisateur et de son parcours tumultueux à Hollywood. Entre huis clos oppressant et western libérateur, un film qui dévie de sa route et fascine constamment.
L’argument : Michael Bosworth s’évade de prison, aidé par son avocate et amante, Nancy Breyers. Avec son frère et un complice, ils se réfugient dans une luxueuse demeure, et prennent la famille Cornell en otage.
Notre avis : Remake d’un film de Wylliam Wyler de 1955, Desperate Hours version Cimino (le titre français, La Maison des otages, est dispensable) a droit à une réédition Bluray. Une bonne occasion de se replonger dans un film qui n’est pas le plus connu de son auteur, malgré d’évidentes qualités techniques et de nombreux niveaux de lecture qui en font une œuvre fascinante. Mickey Rourke avant la chute ajoute au caractère particulier de ce film à la fois lumineux et crépusculaire, aérien et renfermé, qui doit avant tout sa réussite à la personnalité de son réalisateur. Dès son ouverture, hitchcockienne, le film instille une tension palpable au sein de paysages naturels que Cimino filme avec passion. Une femme fatale, blonde, lunettes noires, roule à toute berzingue. La musique de David Mansfield accroche le spectateur. Les grands espaces, Michael Cimino les connait bien. Dès son premier film, Thunderbolt and Lightfoot, avec Clint Eastwood et Jeff Bridges, il filmait deux hors-la-loi au milieu d’une nature sauvage, dans un western contemporain qui parlait d’une Amérique perdue.
- MGM ©
DESPERATE HOURS (LA MAISON DES OTAGES) 1990 DINO DE LAURENTIIS COMMUNICATIONS. Tous droits réservés
.Cette Amérique perdue, Cimino la dépeint à nouveau ici, mais pour mieux la retrouver. Car si Desperate Hours est la plupart du temps un huis-clos oppressant, il offre aussi plusieurs séquences, toutes différentes, dans ces grands espaces américains que les Westerns savaient si bien montrer. Ainsi, à la séquence d’ouverture vient s’ajouter une impressionnante scène de poursuite en voiture. C’est, surtout, plus loin dans le film, une scène clé, libératrice mais tragique, qui vient tout dire de Cimino et de son cinéma. Un des criminels, Albert, interprété par le jeune et encore méconnu David Morse, a quitté la maison où se déroule la prise d’otages. Coincé dans ces murs, il était au bord de l’asphyxie. Blessé, il se retrouve en pleine nature, dans l’Ouest sauvage. A la tension et la violence qui règnent dans la maison succèdent le calme, l’apaisement, la liberté. Au bout du chemin, un destin tragique, mais un destin qu’il a lui-même choisi. Albert, c’est Cimino qui retrouve le cinéma qu’il a tant aimé faire. Dans un film de commande, produit par De Laurentiis et dont il semblerait qu’il ait été massacré par la production, Cimino se permet de filmer l’Amérique qu’il a toujours aimé filmer. Ces brèves parenthèses au sein d’un film plus classique sont autant de moments de respirations, comme si Cimino souhaitait reprendre les rênes d’une production trop formatée pour lui. L’œuvre, néanmoins, n’est jamais sabotée, et reste exécutée avec un indéniable savoir-faire et une caméra particulièrement alerte et dynamique.
- MGM ©
DESPERATE HOURS (LA MAISON DES OTAGES) 1990 DINO DE LAURENTIIS COMMUNICATIONS. Tous droits réservés
Cimino le rebelle a donc son mot à dire. Cimino juge ce qu’il filme, et ceux qu’il filme. De la maison bourgeoise Cimino condamne l’austérité et le luxe ostentatoire, pour mieux saluer les grands espaces et la nature. Mais ce sont aussi ses personnages sur lesquels il porte un jugement. Ainsi, difficile de ne pas voir chez le réalisateur de L’Année du Dragon une certaine forme de tendresse pour ces hors-la-lois aux agissements impardonnables, parfois horribles, mais qui restent à ces yeux des hommes libres. Le dénouement du film a beau jouer le retour à l’ordre, ni Cimino, ni le spectateur ne sont dupes. Sous le vernis de la famille modèle américaine, dont on sait dès le début qu’elle n’est plus ce qu’elle semble être, la même violence existe. Le film ne se prive d’ailleurs pas de littéralement pointer du doigt les responsables de ce déchaînement de brutalité. Loin de faire l’apologie des criminels, Cimino se permet toutefois de dénoncer la violence et l’individualisme latents dans chaque être humain, y compris ceux que la société juge les plus respectables.
DESPERATE HOURS (LA MAISON DES OTAGES) 1990 DINO DE LAURENTIIS COMMUNICATIONS. Tous droits réservés
A sa sortie, Desperate Hours recevra des critiques désastreuses, et Mickey Rourke sera nominé aux Razzie Awards pour sa performance. Il y est pourtant, à l’image du reste du casting, formidable. Comme si l’Amérique, blessée par le regard désabusé de Cimino, ne voulait définitivement pas admettre qu’il est bel et bien l’un de ses plus passionnants artistes.
Les suppléments :
Le néant, où presque. La préface de Jean-Baptiste Thoret est une bien maigre consolation face à ce désert côté suppléments.
L’image :
Si les scènes en intérieurs, nombreuses, sont un peu ternes, le nouveau master restauré fait des merveilles dans les grands espaces.
Le son :
On aurait aimé un peu plus de punch du côté du master DTS-HD 2.0. Mais la musique de David Mansfield est superbement mise en valeur.
Disponible le 9 mars 2016 en édition blu-ray simple et collector numérotée
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