Pour l’honneur du Texas
Le 30 mars 2018
Loin de l’énergie et de l’intelligence des grands films politiques, ce portrait de Lyndon Baines Johnson propose néanmoins une intéressante réflexion sur la difficulté d’exister en politique en se concentrant sur l’opposition entre cet homme intègre et les membres de son propre parti.
- Réalisateur : Rob Reiner
- Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Woody Harrelson, Richard Jenkins
- Genre : Biopic, E-Cinéma
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Marco Polo Production
- Durée : 1h38mn
- Box-office : 2.470.979$ (recettes USA)
- Date de sortie : 11 avril 2018
– Sortie : E-cinéma : le 11 avril 2018
– DVD blu-ray : le 9 mai 2018
Résumé : Après l’élection de JFK, Lyndon Johnson, puissant démocrate de Washington, découvre que son nouveau rôle de vice-président l’a rendu pratiquement hors de propos, menaçant de mettre un terme à son illustre carrière. Mais le cours de l’Histoire le propulse au sommet lorsque Kennedy est assassiné. Nommé 36ème président des Etats- Unis, mais entouré d’ennemis au cœur d’une nation divisée, Johnson a l’opportunité de ressusciter sa vie politique.
Notre avis : Il semble loin le Rob Reiner transgressif de Spinal Tap (1984) ; le Rob Reiner qui n’avait pas peur de mettre un petit grain de provocation dans sa comédie romantique Quand Harry rencontre Sally (1989) ou son thriller militaire Des Hommes d’Honneur (1992) ; ou même le Rob Reiner qui avait réussi l’exploit d’adapter sans se fourvoyer non pas un mais deux romans de Stephen King (Stand by Me et Misery en 1986 et 90). Aujourd’hui le nom de Rob Reiner est celui d’un papy gâteau qui n’a rien délivré depuis plus de vingt ans que quelques films mineurs fleurant tous le bon sentimentalisme mielleux. Autant dire que lorsqu’on le voit s’attaquer pour la première fois de sa carrière au biopic politique, il ne faut attendre de lui un portrait à charge, ni même une peinture subversive de la démocratie américaine. Bien au contraire, LBJ assume pleinement son but qui de réhabiliter le nom de ce chef d’Etat que le temps a fait, tout comme le sien, tomber dans les méandres de la mémoire collective.
Inévitablement, la première chose que l’on remarque à la vue de ce film, c’est le poids des prothèses dont est affublé Woody Harrelson, et qui le fait bien plus ressembler à Monsieur Patate qu’au Lyndon Johnson des photos officielles. Ce choix de casting n’a pourtant rien d’inapproprié, Harrelson étant l’un des derniers grands acteurs hollywoodiens à pouvoir légitimement se présenter en porte-étendard du Texas, mais aussi en reproduire l’accent. Son bagout naturel permet également de rendre crédible le franc-parler un peu rustre que l’on n’accolerait pas automatiquement à Johnson.
- Copyright Marco Polo
L’idée qui permet à LBJ de s’éloigner des codes traditionnels du film politique américain est celle de ne pas opposer Démocrates et Républicains, mais de s’être concentré aux dissensions au sein du parti démocrate. La conséquence en est que les principaux antagonistes de Johnson sont les frères Kennedy, d’abord en tant qu’opposants à la Primaire puis que patrons dédaigneux. Rares sont les cinéastes à avoir osé accoler un tel point de vue sur ces deux héros intouchables de l’Amérique. Dans sa construction également, le film s’éloigne des codes du biopic en bâtissant ses deux premiers tiers en entrelaçant les dernières heures avant l’accession de Lyndon au poste de président et ses souvenirs du parcours qui le mena jusque là.
Ces deux choix alimentent le cœur du propos, à savoir le changement de politique de Johnson à la mort du président Kennedy, lorsqu’il travailla à faire voter le projet de loi sur des Droits Civiques auquel il s’opposait lorsqu’il occupait le poste de vice-Président. Ce retournement de veste fut-il le fait d’une manœuvre électoraliste ou d’une sincère envie de mener à terme la politique de son prédécesseur ? Rob Reiner a bien sa petite idée mais semble s’interdire de nous imposer sa réponse à cette question délicate, pourtant au centre de son long-métrage. Cette absence de parti-pris ainsi que le faible prisme de la reconstitution politique aboutissent à un film consensuel pauvre en enjeux au profit de scènes bavardes, parfois laborieuses. Pas sûr en tous cas que cette recette aide concrètement à redorer la notoriété du 36ème président des Etats-Unis.
- Copyright Marco Polo
LBJ est sorti en salle aux USA en novembre 2017.
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VP75 15 avril 2018
LBJ - la critique du film
Vous évoquez l’intégrité de Johnson ? Sérieusement ? Je crois que son rôle majeur dans l’assassinat de Kennedy, avec d’autres, n’est plus qu’un secret de polichinelle. La seule chose de juste c’est que les Kennedy étaient effectivement méprisants et détestés de tous et surtout au Texas. Mais les enquêtes les plus sérieuses empêchent totalement et absolument de dire que Johnson était un homme intégre.
Sans compter sa responsabilité majeure également dans la montée en puissance de l’intervention américaine au Vietnam, le plus grand désastre de politique extérieure aux États-Unis avant W. C’est sans doute un meurtrier un conspirateur et un type qui n’avait pas les épaules pour ce poste. Personnage cynique et détestable au moins autant que les Kennedy sauf qu’en plus texan. Jamais je ne regarderai ce mensonge cinématographique qui évite le seul élément fondamental dans une démocratie.Sa participation évidente à l’assassinat d’un président américain en fonction avec le culot de prendre sa place.
Julien Dugois 15 avril 2018
LBJ - la critique du film
L’homme que je qualifie d’intègre est le personnage du film. Moi aussi j’aurai préféré un film qui ose sous-entendre que le vice-président fut impliqué dans l’assassinat de JFK. Ce n’est pas le cas mais ça ne m’empêche de trouvé l’angle d’approche intéressante.