Le 29 août 2018
Babak Jalali signe une œuvre forte au style sans concessions, qu’une édition minimale n’empêche pas d’admirer.
- Réalisateur : Babak Jalali
- Acteurs : Rod Rondeaux, Florence Klein, Wilma Pelly
- Genre : Drame, Western
- Nationalité : Français, Italien, Néerlandais, Mexicain
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : ESC Éditions, E.S.C. Editions
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 25 avril 2018
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– Sortie DVD : le 3 septembre 2018
Résumé : Land se déroule au Nouveau-Mexique, dans la réserve indienne de Prairie Wolf et ses alentours. C’est l’histoire de trois frères appartenant à la grande famille des DenetClaw. Raymond, l’aîné, est un alcoolique repenti. Il travaille dans une exploitation de gros bétail pour nourrir sa famille. Wesley, le second, côtoie quotidiennement la population blanche aux abords de la réserve, surtout Sally, propriétaire d’un bar où il boit tous les jours. Floyd, le plus jeune de la fratrie, se bat sur le front afghan. Alors qu’un officier de l’armée américaine annonce à la famille la mort de Floyd, Wesley est passé à tabac par une bande de jeunes et tombe dans le coma. Raymond décide de le venger.
Notre avis : Dans les deux premiers plans du film, Wes boit de la bière, le regard perdu, puis se pisse dessus. Land est un peu à cette image : sordide, lent, il explore la déchéance d’une famille indienne et sa possible rédemption par contraste. Le contraste, c’est Ray, ancien alcoolique, et figure de la vengeance quand Ray se fait tabasser. Il porte sur lui la douleur (leur autre frère est tué en Afghanistan) et la dignité ; il travaille ; et c’est encore lui qui prend la décision finale symbole d’un faible espoir.
- Copyright Bac Films
Malgré cette lueur, le film est très sombre : du combat de coqs à la fellation en échange de quelques bouteilles de bière, de l’avachissement aux demandes répétées d’alcool, l’intrigue se cogne à un réel qui s’accorde au décor pauvre et s’oppose aux tags perçus comme ironiques (« free », « native pride »). Pas un sourire pour égayer cette famille, à peine de rares gestes de tendresse. Certes, la mère de Wes vient le chercher après chaque cuite et veille sur lui à l’hôpital, mais c’est encore Ray qui apporte de l’humanité : qu’il pleure seul, qu’il danse avec sa femme ou qu’il caresse la tête de son frère endormi, il est le seul à sortir de l’apathie généralisée. Car pour les autres, à l’image de la mère qui ne croit pas en la police, l’attitude dominante s’apparente à une torpeur désabusée. D’où l’extrême lenteur des mouvements, des paroles (rares par ailleurs) ; d’où ces longs plans peu découpés qui saisissent un quotidien des plus banals ; d’où cette impression de surplace et de répétition que le rythme exacerbe.
- Copyright Bac Films
On comprend que cela puisse irriter, mais les partis pris du réalisateur sont cohérents, radicaux par moments. S’ils semblent étirer le film, c’est bien pour coller à la vie de cette famille et à leur façon d’être. De même le choix de ne montrer que partiellement (le combat de coqs), indirectement (la vengeance de Ray vue dans un rétroviseur) ou pas du tout (l’ellipse du tabassage) les actions tient moins de la coquetterie que d’une volonté farouche de les déréaliser et de remplir au contraire le métrage des temps morts qui en font l’essentiel. L’émotion n’en est pas absente pour autant ; elle semble même décuplée par la pudeur et la retenue. Ainsi de la mort hors-champ du chien, ou de l’annonce du décès de Floyd, vue par la fenêtre avec pour seul bruit un robinet qui coule.
Sans être inaccessible, Land n’est pas un film facile, mais les plus réfractaires s’inclineront devant des cadrages très soignés et un thème peu commun, traité avec une rigueur sans failles. Et pour qui prend le temps de s’attarder sur ces êtres en souffrance, sa puissance sereine ne fera aucun doute.
Les suppléments :
Trois bandes-annonces, c’est tout.
L’image :
La copie proposée est sans défaut : colorimétrie, piqué, contrastes, tout y est conforme aux canons actuels du DVD.
Le son :
Même si les dialogues sont légèrement étouffés, dans ce film de murmures et de silences, la piste Dolby Digital 5.1 est suffisamment précise pour séduire.
Galerie Photos
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