La voix humaine - Pedro Almodóvar - critique

Critique : Pedro Almodóvar revient au court-métrage, format qu’il avait beaucoup pratiqué à ses débuts. Pour la première fois, il adapte une pièce de théâtre en portant son choix sur Jean Cocteau. De plus, c’est une nouveauté aussi, il a tourné en langue anglaise et confié le rôle unique à Tilda Swinton, une actrice britannique.

Et pourtant, dès les premières images, on retrouve immédiatement l’univers du cinéaste, depuis les plans jusqu’à l’harmonie des couleurs.
L’adaptation, qui reste fidèle au texte, est pourtant totalement intégrée à l’univers du réalisateur.
Pour ce faire, celui-ci a pris le parti de briser le quatrième mur : l’appartement n’est qu’un décor planté dans un grand studio : une petite boîte dans une plus grande, comme un double enfermement. A l’intérieur, tout semble normal, et dès que l’on en sort, on se trouve dans un hangar où l’on profite de l’envers du décor, des câblages ou encore de la grande porte de sortie coulissante...
Dans cet espace, la femme va soliloquer et passer par toute la palette des sentiments envers cet homme qui est en train de la quitter. On ne l’entendra même pas, lors de l’unique coup de fil qu’elle finit par lui passer. La fin, façon "no future", est tout à fait surprenante !
L’auteur, qui filme les femmes comme personne, donne à l’atypique Tilda Swinton un superbe rôle en forme de monologue, dans lequel elle est exceptionnelle.

Le metteur reviendra prochainement au long métrage avec Madres paralelas, où il va retrouver l’une de ses fidèles muses : Penélope Cruz.