Dékalké dékalé
Le 7 mai 2003
Madrid, ses bars, ses dealers, sa jeunesse... L’envers du décor de la capitale espagnole. Chok !
- Auteur : José Angel Mañas
- Editeur : Métailié
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Espagnole
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José Angel Mañas s’est-il donné pour but de dépoussiérer d’un énergique coup de balai le paysage littéraire espagnol ? Si tel est le cas, sa mission est remplie. Car, pour raconter Madrid de cette façon, il faut être sacrément gonflé et plein de talent. Loin de l’angélisme des cartes postales et des clichés sur la capitale ibérique, Mañas cogne dur. Ce qui l’intéresse, c’est la vie nocturne, celle des bars, de la came et des règlements de comptes. La jeunesse déphasée, défoncée, adepte de musique électronique, crachant sur le rock des anciens et l’embourgeoisement des aînés.
Ce roman raconte une fuite vers nulle part, une errance totale, un désoeuvrement magnifique. Kaiser est aux commandes. Un guide narrateur. Celui qui nous emmène dans le secret des ruelles, des sous-sols humides et des chiottes de boîtes. Celui qui nous explique comment acheter un flingue pour se protéger, comment se procurer de la coke, comment s’imposer dans un milieu sans foi ni loi. Et qui nous raconte par la même occasion qu’il arrive parfois qu’on soit totalement dépassé par les événements, comme lui qui, à seize ans, pour garder le contrôle sur la vente de came, tire sur Gonzalo qui s’est mis à marcher sur ses plates-bandes.
Et Gonzalo, c’est un dur. Auteur d’un braquage qui a foiré, il s’exile quelques mois à Londres avant de revenir à Madrid pour se refaire une santé et gonfler son portefeuille. Et ça, Kaiser apprécie moyennement... La loi de la rue. C’est Kaiser le dealer attitré du quartier, point barre. Il manque pourtant de rien Kaiser. Hébergé chez ses vieux, son espace personnel dans la maison, où il fait ce qu’il veut. Il a Tula, sa copine. Ils s’aiment, comme deux amants éperdus, à la vie à la mort...
Madrid underground, bars où résonne la techno, jeunesse désabusée, larguée, avide de sensations fortes et extrêmes... Kaiser nous entraîne dans son désarroi. Et, comme un ami qu’on ne peut pas laisser dans la mouise, on le supporte du début à la fin, on croise les doigts pour qu’il s’en sorte. Le style de Mañas est violent, sec et tranchant. Ses personnages sont d’un réalisme et d’une dureté saisissants. L’auteur tient le rythme du début à la fin, ce qui n’est pas une mince affaire. Pas de doute, ce jeune écrivain possède le talent nécessaire pour kasser la barake !
José Angel Mañas, La ville disjonktée (Ciudad Rayada, traduit de l’espagnol par Jean-François Carcelen et Jean Vila), Métailié, 2003, 270 pages, 18 €
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