Le 21 septembre 2022
Entre nostalgie et résignation, l’évocation inégale mais touchante d’une époque révolue.
- Réalisateur : Robert Guédiguian
- Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Yann Tregouët, Anaïs Demoustier, Fred Ulysse, Geneviève Mnich, Jacques Boudet
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 21 septembre 2022 13:30
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 29 novembre 2017
- Festival : Festival de Venise 2017
Résumé : Dans une calanque près de Marseille, au creux de l’hiver, Angèle, Joseph et Armand se rassemblent autour de leur père vieillissant. C’est le moment pour eux de mesurer ce qu’ils ont conservé de l’idéal qu’il leur a transmis, du monde de fraternité qu’il avait bâti dans ce lieu magique, autour d’un restaurant ouvrier dont Armand, le fils aîné, continue de s’occuper. Lorsque de nouveaux arrivants venus de la mer vont bouleverser leurs réflexions…
Critique : Le trio (au talent incontestable) Ascaride, Darroussin, Meylan ; Marseille, un brin de militantisme : aucun doute nous sommes bien dans l’univers de Guédiguian... mais d’un Guédiguian désabusé dont l’engagement ponctué de « c’était mieux avant » se fissure au point de le transformer en apôtre d’une nostalgie symbolisée par ce vieil homme qui, alors qu’il admire du haut de la terrasse de sa villa la vue somptueuse qui s’offre à lui, est frappé par une attaque cérébrale. Il perd l’usage de la parole et de la marche et avec lui, c’est une page de combat solidaire qui se referme. Ces enfants se réunissent à son chevet et c’est l’occasion pour chacun d’entre eux de se remémorer l’enfance désormais lointaine, vécue dans ce petit coin de paradis hier si vivant, aujourd’hui réservé à quelques familles aisées qui n’y viennent que pour les vacances.
- Copyright AGAT FILM & CIE/France 3 cinéma
Armand (Gérard Meylan), le fils aîné, semble le plus apaisé. Il faut dire que s’il a certes eu le temps de voir la spéculation financière grignoter peu à peu la beauté du lieu, il a largement profité du décor serein de cette calanque de Méjean, semblable à une toile de peintre. Il a toujours pris soin de déblayer les chemins (tant au sens propre qu’au figuré) que son père avait ouverts et de faire vivre coûte que coûte ce restaurant destiné à ceux qui ont peu de moyens. Pour les deux autres, c’est un retour aux sources. Angèle (Ariane Ascaride) a, derrière elle, une carrière de comédienne connue et reconnue. Elle n’est jamais revenue ici pour tenter d’oublier un drame familial dont elle impute la responsabilité à son père. Installé dans une grande ville, Joseph (Jean-Pierre Darroussin) s’est embourgeoisé et revient aujourd’hui, en compagnie d’une femme (l’impeccable Anaïs Demoustier) « trop jeune » pour lui comme il le reconnaît lui-même. L’arrivée de cette trentenaire pousse Guédiguian à se laisser aller, avec un manichéisme dont il est heureusement peu coutumier, à la description de deux mondes opposés jusqu’à la caricature : d’un côté la génération d’après-guerre élevée à la gloire des idéaux de liberté et de fraternité, de l’autre les héritiers des années fric parfaitement à l’aise dans cet univers consumériste où argent et pouvoir prétendent dominer le monde.
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Il décide finalement de resserrer son sujet autour de ce huis clos à ciel ouvert que constitue le port de l’Estaque filmé avec un amour qu’il n’a aucun mal à nous faire partager. Entre fidélité et désillusion, déprime et colère, règlements de comptes et tendresse ironiquement bourrue, on s’identifie rapidement à cette fratrie qui, à coups de superbes flashback aux couleurs des années de sa jeunesse, incarne avec sincérité la fuite du temps qui passe et du monde qui bouge. On retrouve enfin, à travers sa foi en l’humanité, toute l’essence de ce réalisateur inclassable. Durant quelques instants, une histoire d’amour inutile et peu crédible entre un jeune pêcheur/poète et l’élément féminin du trio vient perturber ce tableau bouleversant. Mais bientôt, l’altercation entre Joseph et un militaire amalgamant migrant et terroriste signe la reprise du combat vers la solidarité. La découverte dans les collines de trois enfants (deux garçons et une fille, à l’image d’Armand, Joseph et Angèle) rescapés d’un bateau échoué, remet la fratrie en marche et lui donne l’énergie nécessaire pour ouvrir d’autres voies, entretenir à nouveau des liens et croire alors à la paix et à l’entraide. S’il n’a pas ni la fraîcheur de Marius et Jeannette, ni la fougue d’Une histoire de fou, entre utopie et espoir, La villa entrouvre la porte d’un monde à l’avenir apaisé. Ce n’est déjà pas si mal !
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marijanick 2 décembre 2017
La villa - la critique du film
Grande déception de La Villa qui est porté par la critique. Les acteurs ne sont pas bons, le film est rempli de clichés, de poncifs, de "grosses ficelles". Aucune subtilité. A vouloir faire passer trop de messages on finit par perdre toute crédibilité.
Les situations sont absurdes et cousues d’avance.
Ridicule comme par exemple la scène du yacht avec on imagine des investisseurs.... ou encore le découpage des vêtements des enfants pour qu’ils puissent se changer... la déclaration d’amour à Angèle qui frise le grotesque.... les dialogues avec les gendarmes où le problème des réfugiés est survolé ainsi que le racisme....
Il y a autre chose en salle pour aller perdre son temps à voir ce film. Ceci est mon avis strictement personnel et n’engage que moi, bien sûr.
randie47 29 décembre 2017
La villa - la critique du film
bonjour,
je ne suis pas d’accord avec la critique de marijanick sur le film la villa, au contraire les acteurs sont "authentiques" pas de sur jeu, ce film est plein de tendresse, d’émotions, de vie, de nostalgie aussi, ce film aborde aussi avec délicatesse un sujet qui sera l’un des plus grands problèmes de notre décennie, les réfugiés,
la déclaration d’amour à ANGELE ne me parait pas du tout invraisemblable, elle émane d’un petit garçon qui a grandi en se nourrissant d’un amour toujours activé par les souvenirs d’une belle jeune fille plus grande que lui qui l’a ouvert à la littérature, à la poésie, au cinéma, nourritures se transformant en passion profonde et sincère.Cela me parait crédible TRES TRES BEAU FILM bien entendu tourné dans un site incomparable mais ce n’est pasx cela le plus important.