La vierge de la luxure

Drôlerie et esthétique irréprochable ne camouflent pas le manque de clarté du récit.

L’argument : Dans les années 40, à Mexico, Ignacio Jurado dit Le Mikado, travaille comme serveur au Café Ofelia, repère d’exilés politiques. Son existence se résume au classement névrotique de ses photos pornos et à son job. Tout s’écroule lorsqu’il rencontre Lola, une jeune Espagnole, prostituée, toxicomane et folle amoureuse d’un catcheur. Entre eux se noue une relation axée sur la passion, le sexe et l’humiliation. Pour mériter l’amour de Lola, Ignacio est prêt à tout : devenir son esclave, lui lécher les pieds et pourquoi pas, assassiner le général Franco.

Notre avis : Manifestement influencé par Buñuel dont il fut l’assistant, Arturo Ripstein signe ici une œuvre surréaliste qui oscille entre la fable burlesque et la satire politique. Dans un quasi huis clos, le cinéaste reconstitue le Mexico des années 40, dernier havre de paix des républicains espagnols dans lequel ces rescapés débattaient, complotaient et rêvaient de renverser Franco autour de la table d’un bistrot. Cette pochade historique restera sans doute comme la partie la plus captivante du film.
Car là-dessus se greffe l’histoire de Lola et d’Ignacio, une passion non partagée qui tourne vite à la domination et à l’humiliation. Passées les scènes de léchage de pieds ou de brimades diverses, la relation entre ces deux paumés s’enlise puis devient redondante et incohérente, à l’image d’un Ignacio tuant à coup de revolver un Franco de carton pâte.
L’ensemble, bien que souvent drôle et esthétiquement irréprochable (direction de la photographie impressionnante), manque de clarté dans le récit et finit par devenir indigeste.

Coup d’œil : La vierge de la luxure est inspiré du roman La véritable histoire de la mort de Francisco Franco de Max Aub.