Il n’y a plus d’après
Le 21 janvier 2009
Egoyan poursuit toujours ses fantômes dans les méandres troubles d’un univers qui n’appartient qu’à lui.


- Réalisateur : Atom Egoyan
- Acteurs : Kevin Bacon, Colin Firth, Alison Lohman
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005

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– Durée : 1h47min
– Titre original : Where the truth lies
Egoyan poursuit toujours ses fantômes dans les méandres troubles d’un univers qui n’appartient qu’à lui.
L’argument : 1959. Lanny Morris et Vince Collins sont les comiques les plus célèbres des États-Unis. Ils savent aussi bien faire hurler de rire le public que l’émouvoir aux larmes lors d’un de leurs mémorables Téléthons. Riches, puissants, populaires, ils sont à l’apogée de leur carrière quand un événement terrible vient tout remettre en question. Un jour, une femme est mystérieusement trouvée morte dans leur suite. Leur réputation est ternie, mais tous deux fournissent un alibi en béton qui les blanchit. Cependant, cet événement marque aussi la fin de leur collaboration. Lanny et Vince réussissent à poursuivre une carrière solo, mais n’évoquent plus jamais la mort de cette femme. Quinze ans plus tard, une journaliste prometteuse, Karen O’Connor, décide de remettre cette affaire sur le devant de la scène...
Notre avis : Fin des années cinquante. L’Amérique est glorieuse. Le pouvoir et l’argent n’ont qu’une condition : vouloir. Comme ces enfants qui triomphent de la maladie à force de volonté, sous la houlette de Lanny et Vince, symboles vivants d’une Amérique qui gagne et qui ne connaît pas le doute. Il faudra un cadavre pour fissurer l’absolue puissance des deux maîtres du jeu. Un meurtre qu’ils savent tous deux n’avoir pas commis, mais qui déverse lentement le poison qui déliera leur couple. L’histoire d’une séparation de show business comme il y en a tant, l’histoire d’une zone d’ombre où s’enfouissent la confiance, la légèreté, où gît la vérité.
Egoyan nous a habitués à ces univers troubles, où l’on se cherche à travers l’autre, où l’on ferme à demi les yeux pour tenter de croire que les choses sont autrement. Quelle vérité recherche Karen ? Celle d’une histoire vieille de quinze ans qu’elle va exhumer pour des ambitions carriéristes ou celle d’une petite fille miraculée en mal de héros ? Egoyan nous le répète à longueur de films, la vérité n’existe pas. Le passé prend corps au plus intime de chacun d’entre nous, et construit ses fantômes sur des souvenirs trop lourds à porter. Les pièges, les mensonges et les trahisons qui vont empoisonner l’enquête de Karen ne sont que les résurgences de ces mille vérités, la rencontre impossible de souvenirs déformés.
Dans cette poursuite du secret, les personnages d’Egoyan sont toujours happés par la mort, aspirés par le mystère inacceptable de la disparition. L’histoire des autres fait sans cesse écho à une douleur plus intime, une vérité première qui se superpose à toutes celles que l’on rencontre en chemin. Egoyan effleure ces blessures, les laisse s’exprimer et délimite l’espace du drame de regards qui ne se croiseront jamais, ceux de Lanny et Vince avant les projecteurs, et celui de la mère de la victime. Ils regardent beaucoup trop loin en dedans et n’y voient que le gouffre qui va les engloutir.