Le 22 octobre 2015
L’un des premiers films de Bolognini, un mélodrame aussi somptueux que délicat.
- Réalisateur : Mauro Bolognini
- Acteurs : Terence Hill (Mario Girotti), Richard Basehart, Märta Torén, Titina De Filippo, Bianca Maria Ferrari
- Genre : Drame, Mélodrame, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h25mn
- Titre original : La Vena d'oro
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– Sortie DVD : le 21 octobre 2015
– Année de production : 1955
L’un des premiers films de Bolognini, un mélodrame aussi somptueux que délicat.
L’argument : Corrado, seize ans, vit avec sa mère, Teresa, une femme veuve depuis l’âge de vingt ans, qui le couve encore comme un enfant. Le jeune homme en vacances s’ennuie et fait la rencontre de Manfredi, un ingénieur qui s’occupe d’un chantier de fouilles archéologiques. Peu après, Corrado lui fait rencontrer sa mère...
Notre avis : Méconnu et sous-estimé en France, Mauro Bolognini était un esthète, fasciné à la fois par le mélodrame et la belle image ; La Veine d’or s’inscrit dans ce genre, attaché à l’amour égoïste d’un adolescent pour sa mère (étonnante performance du jeune et quasi méconnaissable Terence Hill, et le sacrifice de celle-ci. Elle préfère renoncer à sa vie amoureuse que de faire de la peine à son fils, cousine en cela du martyr de la paternité, le Père Goriot de Balzac. Sur ce thème simple mais fort, Bolognini réalise un chassé-croisé à peu de personnages d’une délicatesse et d’une beauté infinies. Délicat, le traitement l’est d’autant plus qu’il effleure l’inceste ; mais c’est dans le détail que le film prend tout son sens : l’attention portée à tel objet (la coupe votive, offerte puis cachée), à tel mot (le terme « tyran » qui passe de gentil reproche dans la bouche de la mère à une condamnation dans celle de Teresa, la nounou), à tel geste (éteindre une seule lampe ), tisse un réseau serré de correspondance qui recrée un monde cohérent et clos sur lui-même. Mais, surtout, en orfèvre, Bolognini travaille magistralement le cadre dans des compositions soignées jouant à merveille sur les possibilités du noir et blanc. L’image est somptueuse : pour n’en citer qu’une , quand Corrado est en proie à la jalousie, et qu’il rumine devant un feu de bois, la caméra est placée dans la cheminée, ce qui traduit de belle manière ses sentiments. On n’en finirait d’ailleurs pas de citer des plans qui montrent chez ce jeune cinéaste un goût esthétique qui l’a parfois condamné au statut de formaliste.
Mais La Veine d’or n’est pas qu’une suite de belles images ; Bolognini réussit d’étonnantes séquences, comme celle du bal, en réunissant les protagonistes et en rendant visible leurs sentiments, partagés entre froideurs et passions. Son art de mêler la caricature (l’ineffable cousine, dont la musique et les commentaires des danseurs soulignent le ridicule) et la découverte, amoureuse pour la mère, jalouse pour le fils, rend cette scène, qui aurait pu être pur esthétisme, poignante et forte. Mais on préfère encore la magnifique dictée de la lettre : Corrado doit écrire à son amoureuse et ne sait pas s’y prendre. Sa mère lui dicte des phrases qui, par deux fois, deviennent ses phrases à elle, ce que le fils lui reproche. Par le montage, l’éclairage, le jeu des regards, Bolognini densifie et dramatise les enjeux et atteint iciles sommets du mélodrame sophistiqué.
On l’a compris, malgré une fin convenue, la découverte de ce film peu connu est une révélation : on s’émerveille devant les costumes aussi bien que la mise en scène. Bouleversante, hors du temps, cette Veine d’or méritait largement que le DVD la fasse connaître et remette son auteur à sa juste place.
Le DVD
Les suppléments :
L’entretien avec Jean A. Gili rend justice au réalisateur en montrant, entre autres, la cohérence de son œuvre (26 mn).
L’image :
Quelques rares plans à l’image fluctuante, mais la copie rend justice au travail sur le noir et blanc.
Le son :
Si les dialogues sont naturels et les parasites supprimés, la seule piste 2.0 manque parfois de netteté , avec des saturations sur la musique quand elle est forte.
Galerie Photos
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