Triple zéro sept
Le 20 mars 2013
Avec son casting à la pointe, ce film d’espionnage est à l’image du célébrissime John Le Carré, dont ce thriller est l’adaptation : froid, intelligent, et terriblement élégant.
- Réalisateur : Tomas Alfredson
- Acteurs : Colin Firth, John Hurt, Tom Hardy, Ciarán Hinds, David Dencik, Gary Oldman, Toby Jones, Mark Strong, Benedict Cumberbatch, Kathy Burke
- Genre : Thriller, Espionnage
- Nationalité : Britannique, Allemand
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 2h07mn
- Date télé : 30 juin 2024 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : Tinker Tailor Soldier Spy
- Date de sortie : 8 février 2012
Résumé : George Smiley est l’un des meilleurs agents du "Cirque", quartier général des services secrets britanniques. Alors qu’il vient à peine de prendre sa retraite, le cabinet du Premier ministre fait de nouveau appel à lui. Le centre de Moscou, leur ennemi juré, aurait un agent double, infiltré au sein du Cirque. Smiley est chargé de démasquer la taupe parmi ses anciens collègues.
Critique : Vu de l’extérieur, c’est sage. Sans aspérités. Et pourtant, il faut une certaine audace pour réaliser, avec le plus grand sérieux du monde, un film situé en pleine guerre froide, dans un monde de personnages calculateurs, grisonnants, et strictement masculins. Un pur produit de suspense, qui donne l’impression, au moment où le film se clôt – et on se gardera bien de vous dire de quelle façon –, d’avoir énoncé son propre « CQFD ». La taupe apporte la preuve bienheureuse qu’on peut concilier froideur de la mise en scène et incarnation des personnages, ceux-ci se livrant tous involontairement, à l’exception de l’échauffé Tom Hardy, par leur stature guindée et leur mutisme. Que l’on connaisse (et apprécie) ou non l’univers de John LeCarré, chez qui le coup de poignard dans le dos est quasiment devenu une formule de politesse, le film prend à la gorge, malgré sa longueur et son intrigue tortueuse, qui se révèlent toutes deux parfaitement maîtrisées. Tomas Alfredson a réussi à créer une atmosphère riche, certes guidée par le souci de l’exactitude historique, mais d’où se dégage un parfum singulier qui laisse à la mise en scène le plaisir de nous guider et nous perdre tour à tour dans le labyrinthe des espions. S’opère ainsi une fusion dosée entre une forme très littéraire de romanesque et de purs plaisirs visuels, comme dans ces intérieurs d’époque « ultra-modernes » (et si datés à nos yeux…) où le cinéaste s’amuse à jongler entre les compositions géométriques et les effets de symétrie.
L’autre grande réussite du film tient évidemment au choix de la distribution, en équilibre parfait autour du très alerte Gary Oldman. Que la plupart des personnages principaux soient campés par des acteurs « d’âge mûr » (et connus du grand public) n’est pas sans importance. Alfredson s’amuse à éprouver les codes et les limites du répertoire habituel de ses acteurs, à l’instar de Colin Firth, dans un rôle plus caustique que jamais. Pour le spectateur, ce qui demeure est un pur plaisir devant ces numéros virtuoses au phlegme feint. C’est ici l’inverse de James Bond : les espions dissimulent, mais ne plaisantent pas souvent. Comme dans Morse, le précédent film du cinéaste, l’émotion est progressive, diffuse – sourde, presque, mais bien réelle. Le coup de force signé par Tomas Alfredson est d’être parvenu à redonner à ces atmosphères vénéneuses d’espions et de guerre froide un nouvel élan, preuve s’il en fallait une que les genres ne meurent jamais, pour peu qu’on veuille bien les astiquer de temps en temps…
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
roger w 11 février 2012
La taupe - Tomas Alfredson - critique
Comment se faire chier en deux heures pourrait être le résumé de ce thriller sous Prozac, réalisé dans la torpeur la plus totale par un cinéaste qui a simplement oublié de créer un minimum de suspense dans une histoire complètement dépassée et donc totalement inintéressante. Les acteurs s’assoupissent en même temps que le spectateur. Mais qu’ont les critiques avec ce vieux film tout sclérosé et ankylosé. Je précise que je suis du genre à supporter la lenteur (grand admirateur de Tarkovski, Bresson et consorts), mais il faut qu’il y ait un minimum de profondeur dans ce qui nous est montré. Ici, c’est le néant à part une géopolitique dépassée depuis une quarantaine d’années. Le néant, vraiment.
Bibiche 18 février 2012
La taupe - Tomas Alfredson - critique
Je me joins à l’avis de Roger w, moi j’ai quitté la salle aprés une heure de projection, étouffée,chose que je n’ai jamais faite auparavant. Je le déconseille à part si on a envie de se faire chier hhhh. En résumé ce film pour moi est un navet, je ne comprend pas les nominations qu’il a obtenu pour les oscar 2012 !!! il porte bien son nom en sens propre....je trouve
Frédéric de Vençay 3 mars 2012
La taupe - Tomas Alfredson - critique
Tomas Alfredson a chiadé ses ambiances mais oublié de creuser ses personnages, expliciter leurs relations ou approfondir les enjeux de son scénario. En ressort un objet magnifique sur le plan esthétique, mais relativement creux dans le fond, malgré sa caution "sérieuse" et son récit à tiroirs (mais un récit d’espionnage est-il réussi si on n’y comprend rien ?). C’est une coquille refermée sur elle-même, une démonstration de virtuosité filmique un peu vaine, un vaste feuilleté feuilletonnesque qui fonctionne moins dans son ensemble que dans certaines de ses parties (l’intrigue avec Tom Hardy, le final virtuose). En demie-teinte donc, malgré d’évidentes qualités formelles.