"Connais-toi toi-même"
Le 5 mai 2021
Adaptation du premier tome de la célèbre saga d’Orson Scott Card, La Stratégie Ender était l’un des métrages les plus attendus de l’année pour tous les fans de SF. Mission réussie pour Gavin Hood, qui, sous des allures de blockbuster standardisé, signe un puissant film d’anticipation teinté d’une éblouissante noirceur.
- Réalisateur : Gavin Hood
- Acteurs : Harrison Ford, Ben Kingsley, Abigail Breslin, Viola Davis, Hailee Steinfeld, Asa Butterfield
- Genre : Science-fiction, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 29 avril 2024 22:58
- Chaîne : C8
- Box-office : 416 849 entrées France
- Date de sortie : 6 novembre 2013
Résumé : Dans un futur proche, une espèce extraterrestre hostile, les Doryphores, ont attaqué la Terre. Sans l’héroïsme de Mazer Rackham, le commandant de la Flotte Internationale, le combat aurait été perdu. Depuis, le très respecté colonel Graff et les forces militaires terriennes entraînent les meilleurs jeunes esprits pour former des officiers émérites et découvrir dans leurs rangs celui qui pourra contrer la prochaine attaque. Ender Wiggin, un garçon timide mais doté d’une exceptionnelle intelligence tactique, est sélectionné pour rejoindre l’élite. A l’académie, Ender apprend rapidement à maîtriser des manœuvres militaires de plus en plus difficiles où son sens de la stratégie fait merveille. Graff ne tarde pas à le considérer comme le meilleur élément et le plus grand espoir de l’humanité. Il ne lui manque plus qu’à être formé par Mazer Rackham lui-même pour pouvoir commander la Flotte lors d’une bataille homérique qui décidera du sort de la Terre.
Critique : De prime abord, on se dit que Gavin Hood, le réalisateur de Mon nom est Totsi et du premier Wolverine, ne va pas faire dans la dentelle. Bataillons de vaisseaux spatiaux kamikazes, extraterrestres en forme de crevettes qui ne sont pas sans rappeler les aliens de District 9, ados entraînés pour rejoindre l’élite comme dans After Earth... Bref, rien de nouveau sous le soleil. Mais c’était sans compter un scénario qui a l’intelligence de prendre tous ces éléments comme simple base, pour compter une toute autre histoire, celle de l’arrivée à la maturité d’un jeune garçon chétif, mais aux aptitudes hors norme, obligé par la force des choses de prendre sa place de leader. Au lieu de s’éparpiller dans toutes les directions dans le seul but de satisfaire les attentes supposées du public (scènes trash de dégommage d’extra-terrestres façon bouillie verte, histoire d’amour naissante entre ados tous juste sortis de la puberté, dialogues sirupeux pour mettre en avant le père de substitution...), Gavin Hood se concentre sur l’évolution de son héros, dont chaque étape l’amène peu à peu vers l’accomplissement de sa destinée. Métamorphosé en Ender Wiggin, personnage au fond assez trouble écartelé entre ses pulsions meurtrières « acquises » par le formatage militaire et une empathie « innée » pour toute créature vivante, le jeune Asa Butterfield (le gamin d’Hugo Cabret) est d’une grande crédibilité. Son visage d’ange, ses yeux bleus et son apparence inoffensive agissent en trompe-l’œil, masquant la rage accumulée en lui. Mais ce calme apparent, mêlé de tristesse et de solitude, pourrait aussi bien cacher un ange exterminateur en devenir. Le film est ainsi traversé de toute part par la question du choix ou plutôt du non-choix de l’individu dans un système fondé sur le déterminisme et le contrôle.
- "La stratégie Ender" : Hailee Steinfeld et Asa Butterfield
- © Metropolitan FilmExport
Il ne peut en effet n’y avoir qu’un seul commandant, qu’un élu qui conduira l’humanité à la victoire. Mais à quel prix ? La Stratégie Ender interroge autant sur le bien-fondé des méthodes utilisées par le haut commandement pour conduire le jeune homme à faire ce qu’on attend de lui, sans l’informer des tenants et aboutissants et sur la nature profonde de l’homme. Devenant à son tour un bourreau en fomentant un génocide, qu’est-ce qui sépare l’homme de la soit-disant bête ? Sans doute par dessus tout sa capacité à éprouver une réelle compassion. Mais la peur est souvent plus forte, et l’homme se laisse gouverner par son côté obscur. Ça sonne volontairement Star Wars, auquel le film ne cesse d’ailleurs de faire référence, (allant jusqu’à utiliser « l’icône » Harrison Ford en chef militaire ambigu), même si sa construction renvoie davantage à Starship Troopers. Cependant, à l’opposé d’un Verhoeven -qui a choisi l’ironie et le gore tapageur pour véhiculer son discours antimilitariste-, Gavin Hood, s’il s’appuie certes sur des effets spéciaux spectaculaires et quelques actions héroïques, insuffle à son film une atmosphère réellement oppressante en confinant le spectateur au cœur d’un gigantesque centre d’entraînement. Au risque de décevoir les fans d’hémoglobine, l’ennemi est d’autant plus présent qu’il n’est quasiment jamais montré, renforçant cette peur de l’Autre, celui qui est différent et dont on ne connaît rien. On oublie bien vite l’innocence de l’enfance, et on se surprend à prendre au sérieux cette cohorte de gosses gavés de jeux vidéo, transformés sans en avoir conscience en machines de guerre ultra performantes. Mécanisation du corps (par les combinaisons de combat robotisée), combats stellaires spectaculaires (l’arène d’entraînement en apesanteur permet une géniale utilisation de l’espace du champ et du hors champ) et manipulation d’esprits faibles et inexpérimentés, La Stratégie Ender navigue sans cesse entre blockbuster stylé et réflexion humaniste. Un film d’une richesse insoupçonnée pétri d’un réalisme sombre dont les scènes d’action rappellent la qualité visuelle de Tron : L’héritage. Bluffant.
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- "La stratégie Ender" : affiche officielle
- © Metropolitan FilmExport
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Frédéric Mignard 10 novembre 2013
La Stratégie Ender - la critique du film
Il y a du Tron l’héritage dans cet Ender’s Game, l’une des plus belles surprises de science-fiction de l’année ! Effets spéciaux et décors grandioses, musique épique et magnifique réflexion sur le sens de la guerre au programme. A ne pas rater.