Le 5 mars 2018
Sur un sujet peu fréquenté, ce western de série peu connu réserve quelques bonnes surprises.
- Réalisateur : Phil Karlson
- Acteurs : Donna Reed, Robert Francis, May Wynn, Phil Carey
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h24mn
- Date télé : 2 août 2023 22:10
- Chaîne : TCM Cinéma
- Titre original : They Rode West
- Date de sortie : 22 juillet 1955
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Résumé : Le fort McCullough, commandé par le colonel Ethan Waters, est chargé de veiller sur la réserve indienne voisine, qui abrite une tribu de Kiowas qui vivent en paix depuis plusieurs années. Les troupes du colonel Waters doivent également affronter les Comanches qui font régulièrement des raids meurtriers dans la région. Le docteur Allen Seward, un jeune homme de l’Est, fraîchement diplômé de l’école de médecine, se rend à Fort McCullough afin d’y prendre sa nouvelle affectation. Mais il se heurte à l’hostilité du commandant du fort…
Critique : Véritable rareté, ce western de série B, dont le manque de moyens est mis à nu par l’absence de vedettes et l’utilisation de stock-shots, bénéficie d’un scénario solide, et, malgré une fin un peu convenue, ne démérite jamais. Les fils narratifs s’entremêlent avec habileté autour de l’affrontement entre un lieutenant de cavalerie et un jeune médecin. Il faut dire que les précédents, bouchers et alcooliques, ne lui ont pas donné une bonne image du métier : les premières séquences, particulièrement réussies, sont d’une belle efficacité dans leur démonstration.
- © 1954 Columbia Pictures. All rights reserved.
À ce nœud intense s’ajoutent une guerre avec les Indiens, la malaria, une rivalité amoureuse, sans que jamais le récit ne devienne confus ou surchargé ; il est vrai que le métier de Phil Karlson, surtout connu pour ses films noirs, donne à nombre de scènes une rigueur bienvenue et sait ménager entre les morceaux de bravoure des respirations intelligentes. Certes, le jeune héros, interprété par un Robert Francis emprunté (l’acteur est mort dans un accident d’avion qu’il pilotait l’année suivante) n’a ni l’aura ni l’assurance d’une vedette de l’époque, mais son emploi de débutant se prête assez à ces maladresses. De même les seconds rôles manquent-ils de chair, à l’image de la jolie May Wynn, qui fait ce qu’elle peut d’un personnage étique.
- © 1954 Columbia Pictures. All rights reserved.
Et pourtant le film fonctionne : la tension est constante, l’évolution des protagonistes crédible, les péripéties suffisamment nombreuses et variées pour garder l’attention de l’amateur du genre. Mais c’est par l’angle d’attaque que La ruée sanglante (encore une fois le titre français…) séduit : en suivant l’arrivée d’un médecin inexpérimenté, droit et humaniste, les scénaristes transforment un banal antagonisme qui pouvait être (plus) manichéen en récit initiatique qui entraîne les autres, et particulièrement la jeune écervelée minaudant pendant la moitié du métrage. L’occasion aussi d’offrir sans avoir l’air d’y toucher une réflexion sur le sens du devoir ou l’engagement : en soignant des Indiens, Seward fait preuve d’humanisme, mais il déclenche les prémices d’une guerre et se fait traiter de renégat ; comment agir face à de telles injonctions contradictoires ? On sent les tiraillements moraux dans des séquences fortes, comme celle où des soldats refusent de se faire administrer des remèdes par un traître.
Si les scènes d’action manquent d’ampleur, elles sont réalisées avec rigueur et professionnalisme : par leur sécheresse et un découpage habile, elles font oublier un manque de moyens criant. Et, par moments, lors d’un bivouac et d’une chanson par exemple, Karlson ose un effet réussi (ici un sur-cadrage de toute beauté).
La ruée sanglante n’est pas un chef-d’œuvre, pas même un très grand western. En revanche, il offre aux amateurs un exemple de ce qu’était le soin apporté aux séries B dans les années 50, ce mélange harmonieux d’ambition et d’efficacité, qui fait de lui un spectacle presque haletant, en tout cas réjouissant.
Les suppléments :
François Guérif attire l’attention sur les originalités du film, et notamment la bêtise de l’armée, après avoir insisté sur le peu de charisme des acteurs principaux (8mn) ; Patrick Brion déplore le manque d’originalité du western, son manichéisme et sauve l’interprétation de Robert Francis (8mn). À quoi s’ajoute la tout aussi traditionnelle galerie photos.
- © 1954 Columbia Pictures. All rights reserved.
L’image :
L’âge du film ne se fait pas oublier même si la copie est globalement propre, excepté les stock-shots abîmés ; quelques instabilités, des défauts de définition… Rien cependant qui vaille qu’on se prive de cette rareté passionnante.
Le son :
La VO s’en tire bien, sans souffle ni parasites, avec des voix bien présentes et une musique ne comportant ni saturations ni distorsions. La VF est soignée, mais une fois de plus elle témoigne d’un vieillissement certain.
– Sortie DVD : 23 janvier 2018
Galerie photos
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